Depuis dimanche soir, l´équipe est de nouveau présente à El Carmen, ville située à deux heures de la côte dans la province de Manabi, où la chaleur et l´humidité nous accueillent. Le climat est en effet très différent de celui de la capitale, plutôt sec et froid en soirée car l'altitude est inférieure. Cette ville accueille les interventions de l'association depuis 3 ans, et c'est donc en terrain connu et favorable que nous avançons.
Nous ne perdons pas une minute ; dès le premier jour nous enchainons à un rythme effréné les interventions, coordonnées par Jorge Tapia Acosta, médecin de son état et politicien à ses heures perdues. Lundi, 8h, le Colegio Tecnico Agropecuario nous accueille à bras ouverts et le recteur va même jusqu´à demander aux professeurs de sortir au milieu d´un cours pour nous permettre de donner notre charla. D´abord interloqués, les élèves se taisent. Mais les langues se délient lorsqu´on leur présente le thème et qu´on leur propose de dessiner l´appareil reproducteur de l´homme et de la femme au tableau. Puis la fécondation leur est décrite en détail ainsi que les moyens de l´éviter. Nous terminons par un topo sur le sida avant de distribuer les livrets d´information et les bienheureux préservatifs.
Nous devons bien sûr adapter nos ateliers au niveau et à l´âge des participants puisque nous intervenons dans des classes de Primero Basico (équivalent de la 6e ) jusqu´aux niveaux de Sexto (l´équivalent de notre Première/Terminale). Les groupes sont extrêmement divers, tant par l´intérêt et les connaissances des élèves que par leur niveau d'attention… Certaines classes manquent ouvertement de respect aux pauvres formatrices et des garçons vont jusqu´à leur demander si elles sont mariées ou encore quelles sont leurs pratiques sexuelles ! Heureusement, mise à part cette classe d´adolescents en chaleur, nous nous trouvons face à des élèves plutôt sages, sûrement ravis d´échapper à leur cours de maths pour écouter de jolies étrangères parler de sexualité !
En deux matinées – le 4 et 5 août - dans l´établissement, nous avons réussi à rencontrer tous les jeunes et le recteur, heureux de nous avoir sous la main, nous a demandé de revenir le 6 août pour animer un atelier destiné aux professeurs. Bueno, no hay problema, vamos !
FORMATION DES PROFESSEURS
A la suite de nos interventions auprès des élèves du Colegio Tecnico de El Carmen et à la demande du recteur, une équipe composée de Nesrine et Nathalia concoctent une charla destinée aux professeurs. La matinée du 6 août est le moment choisi pour rencontrer une quinzaine de professeurs qui abandonnent un moment leur classe - tous les élèves sont libres dans la cour - afin de participer à cet atelier.
La réaction générale est d´abord l´étonnement: que viennent faire ici ces jeunettes? Pourquoi parler de sexualité? Mais nos équipières décrivent leur formation et expliquent l´optique de travail participative, ce qui est important pour la crédibilité de la charla. Une fois la confiance gagnée, l´ambiance est plutôt bon enfant, les professeurs participent, chacun apportant ses connaissances et son expérience. L´atelier, conçu sur le modèle de la formation des travailleurs sociaux de Pisuli en juillet, commence par un rappel sur la différence entre "sexe, genre et sexualité". Ensuite, les formatrices font réfléchir les participants sur la fécondation et les différents moyens de l´éviter, ce qui révèle des lacunes chez tous les profs, surtout ceux de sexe masculin - exceptés les enseignants de sciences naturelles.
Il est évident que cette intervention se distingue de celles que nous avions faites auprès des jeunes; Ici, les participants réfléchissent sur l´importance du sujet, la difficulté d´en parler et de répondre si les élèves posent des questions. Les professeurs, eux aussi, ont des doutes : avoir des relations sexuelles pendant les règles peut-il causer un cancer de la prostate? La pilule du lendemain est-elle abortive? Auxquelles questions nous répondons par la négative. Finalement, cette hybride charla-formation a reçu un excellent accueil, particulièrement des professeurs de biologie qui nous demandent de leur laisser une mallette pédagogique. Celle-ci contient les outils que nous utilisons durant les interventions, dont des DVDs, des livres sur la sexualité, des exemplaires factices de pilules et stérilet, ainsi que des préservatifs.
Anna Postel.
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