mardi 24 juillet 2007

Communauté indigène de Chaupiloma

Mercredi 8 juillet

Située près de Tabacundo, à 2h de Quito, la communauté de Chaupiloma accueille à elle seule plus de 500 personnes. Fidel, le chef de la communauté nous a d’abord accueillies. Ce dernier s’occupe d’un projet de “ahorro y crédito” pour que les gens puissent investir en faisant de “petits” prêts afin de pouvoir entreprendre le lancement de petits négoces…

Le public se constituait uniquement de 2 hommes, quelques adolescents et d’une vingtaine de femmes, pévenus par l’intermédiaire de la señora Genoveva, chargée de la gaderie communautaire, à qui l’on avait rendu visite la semaine précédente. Celles-ci se sont montrées très intéressées par les informations que nous leur avons données à propos des contraceptifs (pilules, stérilet, préservatif masculin et féminin). Rosa par exemple, 32 ans, nous a exposé plusieurs témoignages de son expérience personnelle: ayant essayé successivement plusieurs contraceptifs disponibles sur le marché, elle a finalement opté, sur les conseils du gynécologue du dispensaire, pour la ligature des trompes à 29 ans, après son 5ème enfant.

Une fois sur le terrain, on se rend compte que notre mission est loin d’être superflue, car les problèmes et les besoins sont réels.


Miercolès 18 julio del 2007
Comunidad de Chaupiloma

Fuimos primero acogidas por Fidel, el jefe de la comunidad de Chaupiloma situada cerca de Tabacundo, a 2 horas al norte de Quito. El se dedica a un proyecto de ahorro y crédito para que la gente consiga préstamos con el fin de poder invertir en pequeños negocios...

Nuestro público sólo contaba a 2 hombres, algunos adolescentes y a como 20 mujeres avisadas por la señora Enobeba, encargada de la guardería comunitaria y a quien habíamos visitado la semana pasada. Esas mujeres tomaron mucho interés por las informaciones sobre anticonceptivos (pastilla, “T”, condones masculinos y femeninos). Rosa, por ejemplo, 32 años, compartió varios testimonios de su experiencia personal : después de varios intentos con los distintos anticonceptivos del mercado, acabó por escoger con los consejos del ginecólogo del centro de salud, una ligadura de las trompas con unos 29 años y 5 hijos.

Una vez en el terreno, nos damos cuenta de que nuestro trabajo no es superfluo para nada, de que los problemas y necesidades bien reales son.

Centre Domingo Savio, 2e édition!

Mardi 17 juillet

Deuxième édition au centre Domingo Savio (formation professionnelle pour adolescents) de la fondation Don Bosco, à Quito. Notre trentaine de garçons nous attendait cette fois sans surprise (le thème de l’intervention était resté secret jusqu’au dernier moment lors de notre première rencontre), mais curieux et peut-être même malicieux face au chapitre du jour: anatomie de la femme et contraception.


Nous avons de nouveau travaillé avec Jordi, psychologue espagnol, volontaire de Nuevos Horizontes, pour la préparation et le déroulement de cette charla pas comme les autres, étant donné ce public inhabituel de garçons adolescents recueillis par la fondation pour un apprentissage en internat.



Il s’agissait de prendre notre temps sur les nombreux sous-themes inhérents à la sexualité, développant rigoureusement les points les plus basiques, tout comme les moindres doutes exprimés, ou simplement ressentis. Après 3 heures d’introduction la semaine dernière, l’intervention « type » était prévue pour ce mardi : diffusion de la vidéo, fécondation et présentation des contraceptifs les plus usuels.



Une première partie en groupe entier fut dédiée à un bilan de la semaine passée, ainsi qu’à la réponse aux questions que nous leur avions laissées pour que la réflexion continue en notre absence et que les doutes surviennent, puis 1h30 de débat autour de :
1 - Quels sont les contraceptifs que vous connaissez ?
2 – A qui incombe la responsabilité de la contraception dans le couple ?
3 - Est-il normal de se masturber ?
4 – Comment contracte-t-on une I.S.T. ?




La diffusion du dessin animé « De donde vienen los niños » a précédé la constitution de 2 groupes par tranches d’âges, pour une meilleure homogénéité. Gwendoline et Laureline se sont chargées des plus grands (d’environ 15 a 19 ans), pendant que je suis restée dans la même salle avec les plus jeunes (de 11 a 14 ans).



Je crois que de nombreux mythes sont tombés à la lumière de la mécanique anatomique humaine. Les petits avaient bien retenu les informations et ont posé des questions souvent pertinentes. Mais que d’interrogations chez les grands ! 2 heures n’ont permis que de présenter les 2 préservatifs (masculins et féminins). Il était déjà quasiment l’heure de leur repas du soir.



Pour terminer ce travail, nous retournerons une troisième fois au Centre, mardi prochain. Une action dans la durée sous les conseils avisés et la supervision de Jordi. Merci a toi, Jordi !



Martes 17 de julio del 2007
Fundación Don Bosco : 2da edición

Segunda edición en el centro Domingo Savio (formación profesional para adolescentes) de la fundación Don Bosco en Quito. Sin efecto de sorpresa esta vez con nuestros 30 chicos ( el tema de la charla había quedado secreto hasta el último momento durante el primer encuentro), les encontrámos curiosos y quizás hasta traviesos frente al capítulo del día : anatomía de la mujer y anticoncepción.

De nuevo trabajámos con Jordi (psicólogo español, voluntario de Nuevos Horizontes), para la preparación y el desarrollo de esta charla poco ordinaria, siendo tal el público. Habíamos que tomar el tiempo con los numerosos subtemas inherentes a la sexualidad, desarrollando rigurosamente los puntos más básicos, y quedando atentas a las dudas más menores que sean expresadas o no. Después de las 3 horas de introducción de la semana pasada, contábamos con una charla “tipa” este martes : difusión del vídeo, fecundación y presentación de los anticonceptivos más usados.

Una primera parte con el grupo entero permitió hacer el balance de la semana pasada, y contestar a las preguntas que les habíamos dejado para que siga la reflexión por el resto de la semana y que salgan las dudas. Luego, 1h30 de debate acerca de :
- ¿Cuáles son los anticonceptivos que conocen ustedes?
- ¿Cuál de los dos es responsable de la anticoncepción en la pareja?
- Masturbarse, ¿es normal?
- ¿Cómo se contracta una I.T.S.?
Difusión del dibujo animado “¿De dónde vienen los niños?” antes de constituir a 2 grupos por edad, para más homogeneidad. Gwendoline y Laureline se encargaron de los mayores (desde los 15 hasta los 19), mientras Lucie y yo quedábamos en el mismo aula con los más jóvenes (desde los 11 hasta los 14).

Me parece que numerosos mitos cayeron en ese día frente a la luz de la mecánica anatómica humana. Los pequeños recordaban bastante las informaciones y preguntaron muchas veces de manera pertinente. ¡Pero cuántas preguntas de los mayores! 2 horas sólo permitieron presentar los 2 preservativos (masculinos y femeninos), y ya casi era tiempo de cenar.

Para acabar este trabajo, volverémos una tercera vez al Centro, el martes que viene. Una acción en la duración con los consejos sagaces y la supervisión de Jordi. ¡Gracias a ti, Jordi!

dimanche 22 juillet 2007

Zambiza - Centre de recyclage des déchets de Quito

En ce matin du 20 juillet 2007 nous nous sommes rendues avec Miryam, de “Nuevos Horizontes”, dans le centre de recyclage de déchets “Natura Inc” qui se situe à Zambiza, à 30 minutes au nord de Quito. 300 familles ont habité sur le site pendant plus de 25 ans, vivant, dans des conditions d’hygiène quasi inexistantes, de la revente des déchets qu’elles y trouvaient.

Puis il y a un an environ, le partenariat entre la fondation “Natura” et la mairie de Quito a donné du travail à 225 personnes dans cette entreprise de traitement des ordures. Tous les déchets de Quito sont acheminés ici, pesés, et triés (carton, plastique, verre, métal et papier).



Ce qui n’est pas revendu sur place est compacté puis envoyé sur le site de traitement d’Inga, à 40 km de Quito, où ils sont enterrés. Quito est un des premiers lieux d’Equateur à avoir instauré ce système de recyclage des ordures. La fondation regroupe aujourd’hui sur le site de Zambiza un centre de santé, une garderie, des sanitaires et un petit réfectoire. Elle a mis en place des normes d’hygiène à respecter telles que le lavage des mains avant les repas ou les douches après le travail. Une équipe travaille le jour et l’autre la nuit. On pourrait presque parler des « deux 8 » si l’on ne connaissait pas les conditions de travail ici (salaire horaire, journées extensives…).

Nous avons d’abord été accueillies sur le site par le superviseur des opérations, dont le rôle est de vérifier que chacun est bien à son poste et porte correctement ses protections (vêtements, casque, bottes,…), puis par Mónica Camachu, chargée du travail social pour la fondation.

Les travailleurs ont très peu d’éducation, beaucoup ne savent pas lire. Une centaine d’entre eux était en pleine réunion bi-mensuelle lorsque nous sommes arrivées. Les travailleurs de nuit, qui semblaient très fatigués, étaient assis au centre et ceux du jour étaient debout autour d’eux. Nous avons attendu la fin de leur réunion puis Mónica Camachu nous a introduites.



Notre « charla » était planifiée depuis deux semaines. Pourtant le représentant des travailleurs nous a dit que notre venue n’était pas prévue, que les ouvriers devaient travailler, avaient très peu de temps à nous consacrer, et que nous disposions donc de…. 10 minutes ! Qu’est-t-il possible de faire en dix minutes pour faire prendre conscience aux gens du pourquoi et du comment se protéger des maladies sexuellement transmissibles et choisir le moment d’avoir un enfant pour que celui-ci grandisse heureux ??!

Notre intervention a donc été réduite au strict minimum : importance de se protéger des maladies sexuellement transmissibles et de prévenir les grossesses non désirées, et présentation de l’utilisation du préservatif masculin.



Ceci entrecoupé par le représentant des ouvriers qui s’impatientait et les rires de l’assistance face à cette thématique. Au moment où nous passions auprès d’eux avec un préservatif, aucun n’a accepté de le toucher et certaines femmes se sont même cachées le visage derrière leurs mains.




Beaucoup des hommes présents disaient qu’ils connaissaient déjà tout cela mais lorsque nous avons posé quelques questions précises ils ne savaient pas répondre. Nous nous en avons déduit que leurs rires et leurs plaisanteries à propos du préservatif étaient finalement destinés à masquer l’ignorance et le machisme.



A la fin de cette courte ”charla”, pendant que nous distribuyons les préservatifs et des documents illustrés, des femmes nous ont demandé comment arrêter ces grossesses à répétition. Certaines nous ont même demandé nos numéros de téléphone pour avoir plus d’informations !! Les besoins sont criants.



Mónica Camachu nous a ensuite invitées à prendre un petit café, autour duquel elle nous a expliqué l’organisation du site et nous a parlé des problèmes sociaux tels que le machisme, la violence et l’alcoolisme…

Nous avons été un peu déçues par la façon dont l’intervention, pourtant organisée depuis plusieurs semaines avec la travailleuse sociale du centre, a été considérée par le représentant des recycleurs. Avec une moyenne de 4 enfants par femmes à 25 ans et une activité professionnelle aux revenus irréguliers et conditionnés par de nombreux facteurs extérieurs, une information complete sur la contraception aurait été un vrai plus pour ces travailleurs, et en particulier pour les jeunes femmes. Pressés par leur coordinateur, les recycleurs nous ont permi de prendre conscience du sens réel de l’expression ”le temps, c’est de l’argent”. En effet, toute heure de travail en moins est une perte nette a déplorer sur le salaire de la journée.


Nous avons décidé avec Mónica d’une seconde intervention (disons plutôt d’une intervention complète !), dans trois semaines, avec les enfants aussi. Nous envisageons de faire deux groupes de moindre importance pour que les gens soient plus attentifs, et de rester un peu sur le site après l’intervention pour répondre de façon individuelle à des questions plus personnelles et plus intimes.

Nous sommes reparties certaines de l’intérêt des femmes et espérant avoir au moins titillé la curiosité des hommes...

vendredi 20 juillet 2007

Communauté indigène près d'Ambato

Samedi 14 et dimanche 15 juillet.

Je me suis rendue ce samedi dans une communauté indigène à une demi-heure de camionette au-dessus du village de Quisapincha, lui-même situé au-dessus de la ville d'Ambato, dans la sierra centrale, à 2h30 au sud de Quito. Le but de ce court séjour dans la communauté était de rencontrer Andrès, son chef et cabildo (coordinateur de 6 communautés situées autour de la sienne), afin d'y organiser une intervention.


Située à environ 3700 mètres d'altitude, le village d'Andrès est relativement isolé de Quisapincha, dernier lieu où l'on peut trouver une pharmacie, un dentiste ou des soins médicaux. Reliée par quelques camionettes faisant la navette, la communauté se trouve reléguée à 2h de marche en leur absence. Par chance, la route serpentant des 3000 mètres d'altitude de Quisapincha à la communauté d'Andrès fait partie des dernières à avoir été pavées, ce qui ne complique pas la communication en cas de pluie.



Après m'avoir fièrement fait visiter son village, montré les salles où pourraient se réaliser les interventions et le centre de santé en cours de construction dont les travaux ont cessé il y a plus d'un an faute de fonds, Andrès m'explique que sa priorité est de réduire la natalité dans sa communauté.


Les familles, aux revenus modestes essentiellement issus de l'agriculture, ont en moyenne 6/7 enfants, mais cela peut atteindre des chiffres astronomiques dans certains cas (jusqu'à 18...), avec tous les problèmes économiques qui en découlent. Il me parle également du désintérêt de l'Etat équatorien pour les communautés indigènes en général, et pour les petites comme la sienne en particulier. Aucune aide n'a été reçue du gouvernement ou de la municipalité pour la reprise des travaux du centre de santé, ni pour la formation médicale de membres de la communauté. Le salut venant rarement de l'extérieur, les communautés doivent compter sur leurs ressources internes pour survivre... D'où l'intérêt porté à notre projet, et plus particulièrement à la possibilité de former des membres de la communauté à la plannification familiale.

Nous avons convenu d'une date la semaine prochaine, où nous nous rendrons à Quisapincha pour réaliser plusieurs interventions dans la même journée.

lundi 16 juillet 2007

Fundacion Don Bosco, centre Domingo Savio

Mercredi 11 juillet

Le centre de formation Domingo Savio, appartenant à la fondation Don Bosco, accueille en internat une trentaine d'adolescents de 11 a 19 ans, formés pendant leur sejour aux métiers de la métallurgie et de la menuiserie.


Ces garcons, issus de milieux ruraux défavorises, n'ont le plus souvent que très peu bénéficié d'une formation générale et présentent par conséquent de larges manques en connaissances basiques.


Il a donc fallu adapter notre intervention à ce nouveau public, qui plus est exclusivement masculin, et prendre le temps d'amener peu à peu le sujet. Les intervenants du centre : Jordi, psychologue espagnol volontaire de Nuevos Horizontes, et Daniel, pédopsychologue équatorien, nous ont aidé tout au long de ce travail, apportant leur regard de professionnels habitués à, et proches de ces jeunes. C'est avec eux que nous avons décidé du plan de l'intervention, flexible et ouvert, laissant la part belle aux réactions/interactions.

Ainsi, apres une présentation de chacun pour une meilleure mise en confiance, c'est en partant des nombreuses évocations autour du mot "AMOUR" que nous avons pu amorcer une discussion. Nombre de sous-themes ont donc été développés tels que : respect (du corps et des autres), relations hommes/femmes en fonction du statut de chacun(notamment au sein du cercle familial : quelles limites?...), égalite des sexes, tendresse, sentiments, mais aussi anatomie, puberte, adolescence (maturité, changements physiques et psychologiques), hygiène personnelle, etc. Où est la dite "normalité"? Quelles sont les idées (nombreuses) relevant du mythe ou de l'affabulation?...


Au total, plus de 2h30 de "charla" (ouf, avec une récré!) durant lesquelles les thèmes de la contraception/grossesses/maladies ne purent qu'être esquissés. Ce fut donc un travail préparatoire (et de quelle utilité !) pour une prochaine réunion ce mardi, où nous devrions chacune animer un atelier, par petit groupe. La diffusion de deux vidéos pédagogiques est venue cloturer cette première rencontre : "De niño a hombre" et "De niña a mujer" sur les changements dus à l'adolescence. De quoi laisser murir les questions comme la reflexion pendant cette petite semaine qui nous sépare, de facon à entamer le vif du sujet dès le début de la prochaine séance.

Ces jeunes, peu habitués aux "situations de classe" ou "d'enseignement" selon les termes consacrés, ont démontré un vif intérêt face à nos propos et ont activement participé. Ils semblaient mesurer la chance (rare, en Equateur) de pouvoir s'exprimer librement autour d'un tel sujet, quotidien et universel, laissant nombre d'interrogations sans réponse même dans les contextes socioreligieux les plus libres. Alors ici, en Equateur...quelle aubaine!!

Communauté indigène de Loma Gorda

Mardi 10 juillet

Notre venue dans les communautés indigènes (qui représentent quasiment 25% de la population équatorienne) du canton Pedro Montcayo a donné lieu à une rencontre particulière. Lors du rendez-vous pris la semaine précédente avec Roberto, un des porte-paroles des 9 communautés indigènes de la région, nous avions senti la motivation et l'enthousiasme provoqué par l'idée de notre intervention. Nous nous sommes donc rendues en bus, puis en camionette dans la communauté de Loma Gorda, à 2h de route au Nord de Quito.

Nous avons d'abord effectué un arrêt dans la garderie de la communauté voisine où une cinquantaine d’enfants entre 3 et 8 ans est accueillie dans la journée. Il s’agit d’un projet de volontariat de Nuevos Horizontes qui a mis en place une coopérarive de cultures et de biens. Les petits enfants ou “wawakunas” en quechua (la langue des indigènes), un peu timides au début, nous ont vite sollicitées et nous ont offert des démonstrations d’acrobaties improvisées. Ils réclament juste attention et affection : souvent nés dans des familles pauvres, alcooliques et ou l'éducation n'est pas prioritaire, ces wawas ont toutes les chances de reproduire le schéma famillial imposé s’ils ne sortent pas de leur communauté.

Une fois leur travail dans les champs ou dans les plantations de fleurs des environs achevé, nous avons pu rencontrer les membres de la communauté Loma Gorda vers 17h. Les femmes arrivaient tranquillement, ouvrage d'aiguille à la main et bébé enrubanné dans un châle sur le dos, certaines accompagnées de leurs maris et de leurs enfants plus âgés. Une première partie de la communauté a assisté à la charla afin que les messages délivrés soient bien compris. Notre public fut constitué en tout de 20 hommes, 40 femmes et 10 jeunes.

A notre grande surprise, l’assemblée a été très à l’écoute et de nombreux rire éclataient dans l’assistance à l’énonciation des mots phares tels que "pénis, vagin, préservatifs"… Très vite, Mesias, le chef de la communauté, a remis de l’ordre parmi ses compañeros, s’écriant que nous étions là pour expliquer des choses intéresantes sur la sexualité et qu’il était inutile de rire ainsi car il fallait prendre au sérieux ce que nous disions.

Il est vrai que ces derniers n’ont pas l’habitude d’aborder ce type de sujet, largement tabou, surtout en public. Les femmes de manière générale assez introverties en présence de leurs maris, ont posé très peu de questions. Au moment du passage du préservatif dans l’assistance (action dont le but est de familiariser les gens avec les différents moyens de contraceptions) elles cherchaient même du regard leur mari afin d’obtenir leur accord pour pouvoir le toucher. A l’inverse, les hommes, surtout les plus jeunes, ont montré un intérêt tout particulier pour les contraceptifs, dans le but d'éviter une grossesse non désirée à leur partenaire.


Il est prévu que nous revenions faire d’autres interventions pour rencontrer l’autre partie de la communauté qui, visiblement satisfaite, nous a chaleureusement remerciées.

mercredi 11 juillet 2007

Pisuli - Plan Ecuasol

Dimanche 8 juillet

Nous sommes arrivées un peu avant 10h à Pisuli, quartier populaire au Nord de Quito, zone de “mauvaise réputation” où même certains taxis ne veulent pas monter. Les habitants de ce quatier se trouvent dans une situation de grande pauvreté, victimes d’un manque d’éducation et bien souvent touchés par l’alcoolisme.


L’intervention a eu lieu par l’intermédiaire du Plan Ecuasol qui assure le suivi scolaire d'une cinquantaine d'enfants du quartier, issus en majorité de familles mono-parentales (mères seules élevant jusqu'à 7 enfants).

Concernant la “charla”, il a là aussi fallu attendre que les familles arrivent (ah, l’heure équatorienne…!) bien que l’intervention aít été rendue obligatoire par les coordinateurs du Plan Ecuasol, moyennant un système de “multa” (amende de 5usd) pour les parents faisant faux bond. Mais la plupart ont peur de parler de sujets comme la sexualité, encore tabous. Finalement, 42 femmes, quelques adolescents et un seul homme ont constitué notre public. L’assemblée a été relativement attentive, sachant que les conditions d’intervention ne sont pas toujours évidentes : pas d’électricité, fenêtres cassées, beaucoup de bruit… entre les enfants qui pleurent, qui jouent, les chiens qui aboient, les vendeurs à la criée, le passage des voitures et des bus… Il faut parler fort et avoir le mot pour rire afin de capter l’attention de son auditoire. C’était la première intervention pour Lucie et Gwendoline: “j’avoue que le vocabulaire m’a parfois manqué mais il faut bien se lancer!”.


Ainsi, nous avons rencontré un couple (le seul homme de l’assemblée, venu avec sa femme!) qui, du fond de la salle, a posé beaucoup de questions sur les moyens de contraceptions. En effet, après 5 enfants (première grossesse à 16 ans, 2è à 18 ans… 5è à 25 ans), pas forcément désirés mais choyés et bien élevés dans la mesure de leurs moyens financiers, ils semblaient tout à fait concernés par la question de la limitation des naissances! Le couple semblait uni, chose rare aujourd’hui car de nombreuses femmes ou jeunes filles élèvent seules leurs enfants, face à la fuite/abandon de leur partenaire ou mari.


Nous avons bénéficié pour l'occasion de la participation de Matthieu, jeune médecin français en stage en Equateur. Il a expliqué plus en détails aux femmes présentes comment fonctionne la mise en place et le retrait d'un stérilet.


Nous avons remarqué quelques femmes déja présentes l’année précédente, et malheureusement, les révisions n’ont pas été inutiles! D’oú la primordialité de la formation de 2 personnes du quartier qui seront capables d’informer la population et d’effectuer régulièrement les révisions nécessaires. Ce mode de fonctionnement sera approprié au contexte social du quartier de Pisuli, oú s’entassent des familles venues de la campagne dans l’espoir d’une vie meilleure.

Ainsi, notre prochain passage à Pisuli sera destiné à former, au cours de plusieurs ateliers, un homme et une femme ayant montré de l’intérêt pour cette thématique.

Prison pour femmes de Quito

L'intervention à la prison pour femmes "El Inca" de Quito s'est déroulée ce lundi après-midi. Grâce aux dispositions prises par Nuevos Horizontes nous avons pu entrer sans encombre après une rapide fouille. Une trentaine de femmes nous attendaient dans la chapelle de la cour principale de la prison où nous avons effectué notre intervention.


Nous avons pu constater de grosses améliorations par rapport à l'année dernière suite au changement de président de la république. Les prisonnières présentes semblaient plus au point sur le plan des contraceptifs et répondaient plus facilement à nos questions. Elles nous ont avoué avoir déjà participé à plusieurs réunions sur le thème de la sexualité organisées par la prison dans les mois précédents. De même, une gynécologue est désormais régulièrement présente sur place, ce qui leur permet de poser leurs questions et de bénéficier d'un suivi de meilleure qualité concernant leur contraception, grossesses ou autre. La distribution de préservatifs masculins et féminins, ainsi que de fascicules d'information a tout de même été très appréciée...


Ce passage à la pison nous a donné l'occasion de mieux connaître les conditions de vie des prisonnières et leur facon d'appréhender la sexualité derrière les barreaux. Ainsi Claudia, jeune femme de 19 ans, a suivi l'intervention en donnant la têtée à Estalin David, son adorable bébé de 8 mois. Arrêtée le même jour que sa soeur pour traffic de drogue lorsqu'elle était enceinte d'une semaine, elle a passé toute sa grossesse et a même accouché à El Inca. Elle a tout de même la chance de ne partager sa cellule qu'avec sa soeur de 25 ans et deux des enfants de celle-ci. N'ayant pas les moyens de payer un avocat, elle n'a toujours pas été jugée et son fils a toutes les chances de vivre en prison les dix premières années de sa vie. Le père de son fils l'ayant quittée à la suite de son arrestation, elle reçoit pourtant plusieurs fois par semaine la visite de son nouveau petit ami, avec lequel elle n'utilise aucun moyen de contraception...


L'expérience a été forte en émotions pour les filles dont c'était le "bâptème de carcel". Voici le point de vue de Lucie: "Ce lundi 9 juillet après-midi, nous nous sommes donc rendues, accompagnées d’une personne de Nuevos Horizontes, à la prison pour femmes de Quito (“El Inca”). Plus de 70% des femmes qui y sont détenues sont condamnées ou accusées pour détention ou trafic de drogue. En réalité, la très grande majorité de ces femmes ne sont que des “mulas” qui tentent de faire vivre leurs familles. La durée moyenne des peines est de 8 ans. La plupart des détenues n’ont évidemment pas les moyens de faire appel à un avocat.
Dans un contexte dans lequel les femmes représentent encore le pilier de la famille, ces condamnations ont des répercutions sociales importantes. Une peine de prison implique souvent la perte des liens familiaux. Certaines femmes se voient obligées de vivre avec leurs enfants dans l’enceinte même de la prison.
C’est d’ailleurs ce qui nous a frappées en arrivant : le nombre d’enfants jouant dans les couloirs de la prison ou dans la cour à ciel ouvert. Certains y sont nés et n’ont rien connu d’autre.
L’intervention a finalement commencé avec un peu de retard. Ironie du sort, le lieu le plus adapté pour accueillir les femmes durant l’intervention était… la chapelle ! Nous avons un peu attendu avant de commencer et lancé un appel au micro de la prison car seules les femmes représentantes des différents pavillons avaient été averties de notre venue.
Les 32 femmes qui ont finalement assisté a notre “charla” se sont montrées très intéressées et ont posées des questions. Leurs sourires et leurs rires nous ont agréablement surprises, nous avions imaginé des visages marqués par le désespoir. A la fin de l’intervention elles nous ont remerciées et certaines sont venues nous faire une bise. Nous somme reparties avec un mélange d’impressions contradictoires mais certaines d’avoir été très utiles."

dimanche 8 juillet 2007

Casa de la Magdalena

samedi 7 juillet

La Magdalena est un quartier modeste du sud de Quito dans lequel Nuevos Horizontes, notre partenaire équatorien, a implanté une "maison de quartier" qui offre différents services à la population: soutien scolaire, garderie, ateliers artisanaux, jeux, créations avec les enfants mais aussi avec les parents, selon le thème. Tous les aprés-midis après l'école, les 45 enfants inscrits régulièrement à la casa se retrouvent pour faire leus devoirs, renforcer leur niveau scolaire et jouer. Sur place, Juanita, salariée de Nuevos Horizontes et logée à même le site avec son mari et ses cinq enfants, et Patrick, volontaire Suisse, les accueillent et animent les ateliers en fonction des besoins.




Notre intervention, initialement prévue à 15 heures, dût être retadrée faute de participants! Les enfants, émissaires des parents, venaient nous avertir de leur abscence pour raison de "mariage, repas du soir sur le feu, maladie..." soit en bref "Je ne peux pas venir parler de sexualité parce que j'ai piscine!". La thématique est tabou et fait peur, même si cette inquiétude de la population du quartier vis à vis de notre intervention est probablement due à la facon dont la thématique leur a été présentée par les responsables de la casa de la Magdalena...
Il a donc fallu aller chercher les gens jusqu'à chez eux, coûte que coûte!


A 16h, nous avions réuni une dizaine d'adultes et le double d'enfants et pré-adolescents qui sont repartis en nous remerciant charleureusement pour de si précieuses informations. L'avantage d'un effectif réduit est que le groupe mixte a pu interagir librement et poser des questions directes. La présence de deux hommes parmi les femmes a permis un débat intéressant ainsi qu'un échange des points de vue!


A la fin de l'atelier, nous avons distribué des fascicules sur le Sida incluant protocole de détection et mode d'emploi en image des préservatifs masculins et féminins. Une malette pédagogique contenant tout le matériel nécessaire à la formation et à la réitération des interventions a été laissée aux bons soins de Jeanette, travailleuse sociale en poste sur place. Nous reviendrons prochainement sur place pour la former afin qu'elle puisse prendre le relais dans les séances d'information et ainsi assurer la pérénité du programme.

Rendez-vous de bonne heure et de bonne humeur ce vendredi matin avec Roberto, le représentant de l'une des 9 communautés indigènes du canton Pedro Moncayo, à 2h de route au nord de Quito, avec lequel nous allons travailler. Conscient du très fort taux de natalité dans sa communauté, et des problèmes économiques corollaires pour les familles très modeste, il a sollicité notre intervention directement auprès de Nuevos Horizontes. Nous avons d'ores et déjà 3 dates de prévues dans la communauté de Loma Gorda, puis travaillerons également avec les autres communautés du canton.


Viernes 6 de julio del 2007

Temprano y de buen humor este viernes por la mañana, nos toca una entrevista con Don Roberto, el representante de una de las 9 comunidades del cantón Pedro Montcayo (2 horas de viaje al norte de Quito) con quienes vamos a trabajar. Consciente de la tasa de natalidad demasiada alta en su comunidad y directamente relacionados a ella, de los problemas económicos de las familias muy modestas, él mismo solicitó nuestra ayuda dirigiéndose directamente a Nuevos Horizontes. Ya hemos decidido de 3 fechas en la comunidad de Loma Gorda, y luego trabajarémos también con las demás comunidades. Contamos con la capacitación de dos personas por comunidad.

lundi 2 juillet 2007

Insolites de la vie équatorienne...











semaine 2

Après presque une semaine sur place et moultes démarches, le planning de nos intervention en Equateur commence à prendre forme. J'avais espéré que cela serait plus rapide, mais c'est souvent comme ca que ca se passe ici!
Le bureau de Nuevos Horizontes étant fermé exceptionnelement ce lundi, on saura demain si les dates proposées pour l'intervention à la prison pour femmes de Quito et à la casa de la Magdalena, centre social pour familles en grandes difficultés sont acceptées: Si c'est le cas, on sera jeudi et vendredi à la prison, samedi à la casa de la Magdalena, et dimanche à Pisuli, pour les familles du Plan Ecuasol, association franco-équatorienne.


Pisuli est ce que les équatoriens qualifient de "barrio marginal", un quartier très pauvre situé dans la banlieue nord de Quito. Il est habité en majorité par des familles pauvres ayant quitté leurs campagnes respectives dans l'espoir de trouver un travail plus lucratif ici. Le résultat de ces "invasions", selon le terme local consacré, est une colonisation progressive des pentes des volcans entourant la ville de Quito par ces quartiers, qui se développent rapidement, toujours plus haut et plus loin du centre ville. Ils sont évidemment dépourvus de services publics tels que les transports en commun, l'eau courante et l'électricité. Le facteur s'arrête à Cotocollao, le dernier bastion civilisé, l'eau (payante) est amenée une fois par semaine par des camions citerne de la minicipalité, et l'electricité, quand il y en a, est fournie par des branchements sauvages réalisés à partir des derniers réverbères, beaucoup plus bas... Pourtant, à quelques détails près, pas de différence avec une autre ville. On trouve de tout ici, du coiffeur pour dames au magasin de chaussures, restaurants, cybers-cafés, boulangeries proposant des gâteaux d'anniversaire... Ce quartier souffre encore de la réputation acquise il y a une vingtaine d'années, lorsque une guerre de gang faisait rage entre ses habitants et ceux du barrio voisin, El Comité del Pueblo. L'âge moyen de la première grossesse est de 15 ans.


Dans ces conditions de grande pauvreté, le Plan Ecuasol assure le suivi scolaire d'une cinquantaine d'enfants du quartier issus de familles en majorité mono-parentales (mère seule élevant jusqu'à 7 enfants). C'est donc avec les plus âgés de ces enfants, ainsi qu'avec leurs grands frères et soeurs et leurs parents, que nous allons travailler dimanche prochain.


Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.