mardi 7 août 2007

Arrivée à El Carmen et premier jour de travail

Mardi 31 juillet – Colegio San Ramon - El Carmen

Apres 4 heures de trajet depuis Quito, nous voici à El Carmen, dans la province cotière de Manabi. Vivant essentiellement de l'exploitation des ressources hallieutiques (crevettes, picudo, pargo, corvina... Vous aurez bien-sûr compris qu'ils s'agissait d'espèces de poissons!) et de l'agriculture (maracuya -fruit de la passion-, verdes -bananes plantain-, bananes...), cette région est l'une des plus pauvre du pays. La route qui relie la capitale à la côte traverse El Carmen. L'observation de l'intense traffic routier permet de prendre toute la mesure de l'importance de cet axe de circulation: des bus de ligne et des camions (de la camionette à l'énorme truck américain) transportent jour et nuit passagers et produits agricoles de la région vers Quito, où ils seront ensuite distribués dans tout le pays, tandis que les productions du nord du pays suivent le chemin inverse.


La culture des verdes, cet aliment primodial de la cuisine "costeña", fait vivre la majorité des familles des environs d'El Carmen, ce dont nous prendrons pleinement conscience en allant y travailler. De grandes compagnies telles Didimo Arteaga Vera, ou Chiquita, une des premières au monde (propriété d'Alvaro Noboa, magnat équatorien de la banane et candidat malheureux du second tour des élections pésidentielles de novembre 2006) rachètent à bas prix les productions des petites exploitations et emploient à des coûts dérisoires des travailleurs journaliers pour couper, puis mettre en cartons les immenses régimes de verdes. Ce produit ayant un prix de vente très bas, il constitue un des aliments principaux des familles pauvres. Voici ce qu'il est dit de l'activté bananière sur le site du consulat Franco-équatorien dans la rubrique "commerce extérieur": L'Equateur est le premier exportateur et le troisième producteur de bananes au niveau mondial. Bénéficiant de conditions climatiques exceptionnelles et d'un sol très riche, il produit des denrées agricoles d'excellente qualité. Aujourd'hui, l'Equateur est reconnu dans le monde entier pour la qualité de ses bananes, exportées pour la première fois en 1910. La banane est un très bon aliment de par le potassium qu'elle contient, et sa consistance en fait un fruit idéal à tout âge. Les variétés qu'offre l'Equateur sur le marché international sont les suivantes : Cavendish, Orito et Rojo. Le pays compte environ 140 000 hectares plantés et produit des fruits tout au long de l'année. L'activité bananière, à savoir le processus de production, de commercialisation et d'exportation, constitue la plus importante source d'emplois : environ 16 % de la population dépend, directement ou indirectement, de ce secteur. Après le pétrole, la banane est la deuxième source de revenus de l'Equateur, et représente 3% du PIB. L'Equateur exporte également des produits semi-finis dérivés de la banane, tels que la purée de banane, la farine de banane, la banane déshydratée, les pétales et les chips de banane. L'Equateur exporte de la purée de banane, élaborée à partir de bananes Cavendish parvenues à une maturation optimale, depuis 1985.

La ville d'El Carmen est salle et bruyante, mais il y règne une atmosphère pas désagréable, à la fois tranquille et nonchalante. Peuplée d'environ 80 000 habitants, elle fourmille d'activité dès le petit matin, et s'endort peu a peu dès le coucher du soleil.


Considérée comme une "zone rurale" par les quiténiens, elle regroupe une population jeune avec un très fort taux de natalité. C'est par l'entremise de la fondation médicale solidaire Jorge Tapia Acosta que allons intervenir dans une quinzaine d'établissements scolaires de la ville et des environs, en prenant bien soin de systématiquement péciser à nos interlocuteurs que nous ne partageons pas les convictions religieuses de ses dirigeants. Le docteur Tapia, fondateur du centre médical du même nom, ainsi que sa femme et tous les employés de la fondation, sont en effet évangélistes. Ce courant du protestantisme se décline de l'orthodoxie stricte au libéralisme religieux, mais les fidels d'El Carmen appartiennent à une mouvance austère, de type créationiste. Le fort prosélytisme pratiqué par la fondation nous dérangeant quelque peu, nous utiliserons simplement leurs nombreux contacts a El Carmen pour réaliser nos interventions.



Outre le fort altruisme dicté par la religion, l'intérêt du docteur Tapia dans le fait de nous aider est un espoir à peine dissimulé de récupérer le bénéfice de popularité généré par notre travail. Dans quel but? Attirer plus de clients à la fondation, mais surtout gagner les élections législatives auxquelles il se présente en septembre.

Ne restant que 10 jours dans cette ville, avec un grand nombre d’établissements à visiter, il s’agit de faire passer nos informations à un maximum d'élèves. Pour ce faire, la plupart du temps, nous nous diviserons en 2 équipes de 2 pour assurer le plus d’interventions possible. Nous n'écartons cependant pas la possibilité de donner une charla toutes seules selon les besoins.

En Equateur, chaque établissement a son propre uniforme avec ses propres couleurs, nom et insignes. Le port de ces uniformes est obligatoire, et parfois coûteux car ils sont faits sur mesure. Les tarifs aussi changent en fonction des écoles. Celles dites “fiscales” sont publiques et par conséquent gratuites (une fois l’uniforme et la matriculation payés). Les autres, à caractère religieux, sont, comme en France, privées et payantes. Tous les établissements s'affublent des noms de grande renommée comme “Colegio Americano” ou “Universidad International del Ecuador”, mais ces sobriquets ne sont que façades et ne garantissent absolument pas la qualité de l’enseignement et l’accès à des diplômes reconnus internationalement. Ils assurent cependant un certain nombre d'inscriptions en début d'année.

Notre première intervention a donc eu lieu dans une école-collège mixte appelée Colegio San Ramon. Cet établissement localisé dans la banlieue rurale del Carmen accueille 150 élèves entre 6 et 13 ans. Seulement 30 avaient l’âge d’assister à notre charla. Il a fallu faire face aux locaux un peu vétustes ainsi qu’aux bruits environnants. Et oui, les murs ne vont pas jusqu’au plafond et la charpente est consituée de bambou – pour le moins solide mais pas très hermétique! Entre les éclats de rire des enfants en récréation, le caquettement des poules de la ferme contigüe et le cours donné par l’enseignant dans la classe d’à côté, il faut donner de la voix pour se faire entendre! Bien sûr, quatre Françaises venues parler de sexualité attirent toujours l’attention au premier abord!


Concernant la charla, les professeurs y ayant assisté, ont donné l’impression de ne connaître guère plus d’informations que leurs élèves de 13 ans. Au passage dans l’assistance du préservatif non déroulé, la plupart hésite à affirmer que ce dernier est dans le bon sens ou non... Mais visiblement, la communication est passée, reste à voir si les infos seront enregistrées! Nous avons aussi eu l’occasion de jeter un coup d’oeil dans un manuel scolaire laissé dans la classe.


Au chapitre anatomie, nous avons été agréablement surprises d’observer que figuraient des explications scientifiques illustrées de dessins légendés. Evidemment, nous faisons un topo rapide sur les appareils reproducteurs de l’homme et de la femme mais nous concentrons surtout nos propos sur les contraceptifs, l’objectif étant d’éviter les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissible comme le SIDA. Ces thèmes ne sont en revanche indiqués nulle part.

Finalement, l’entrée en matière de ce premier contact avec un public jeune a été satisfaisant. C’est le début de 10 jours de folie!

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Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.