lundi 17 septembre 2007

Perspectives d'avenir

Comme on vous l'a fait miroiter dans les articles suivants, nos derniers jours de présence en Equateur et nos derniers entretiens avec les responsables des structures partenaires ont été fructueux, pour plusieurs raisons !
Tout d'abord, (quart d'heure élogieux !) il n'est jamais désagréable de voir son travail apprécié à sa juste valeur et d'entendre les centres dire que le fait d'avoir collaboré avec nous a été une expérience très enrichissante. Eh bien ça, ça fait plaisir !

D'autre part, de nombreuses demandes nous ont été faites, qui ne correspondent pas toutes avec les objets et les capacités de l'association, et auxquelles nous ne pourrons donner suite. Les propositions intéressantes que nous avons retenues dans notre domaine d'action sont les suivantes:
Ramiro Mantilla, responsable du centre de formation pour apprentis Domingo Savio de Don Bosco, à Conocoto, auprès duquel nous étions intervenues grâce à l'entremise de Jordi, psychologue sur place, nous a proposé de mettre en place une collaboration sur deux ans entre le Collectif Artishow et son centre. Il s'agirait ici d'alimenter un échange culturel via internet durant tout le cycle de scolarité des jeunes avec lesquels nous avons déjà travaillé à plusieurs reprises. Ceux-ci étant issus de milieux défavorisés (communautés indigènes, communautés rurales excentrées, familles d'entre 10 et 15 enfants...), Ramiro souhaite leur inculquer, en plus des connaissances manuelles et des ateliers de soutien psychologique qu'ils reçoivent, des notions d'éducation à la citoyenneté regroupant des concepts aussi diverses que l'égalité, la politique, l'échange...

Le Collectif Artishow ayant manifesté depuis sa création en 2004, son intention de mettre en place des actions à destination des scolaires, nous souhaitons accepter la proposition de Ramiro et avons suggéré d'instruire l'échange sous le projet pédagogique suivant: une correspondance épistolaire avec un groupe de jeunes français de la même tranche d'âge; utiliser la comparaison entre la France et l'Equateur et les conditions de vie respectives des deux groupes, pour introduire petit à petit ces notions sous un aspect ludique, de rigueur avec les adolescents. Prenons pour exemple la nourriture: Qu'est ce qu'on mange en France ? En Equateur ? Quel est le plat typique de votre région d'origine ? Quel est votre plat préféré ? Est-ce que tout le monde mange à sa faim dans votre pays ?... et c'est ainsi que l'on peut commencer à faire prendre conscience aux jeunes des écarts, bons ou mauvais, qui existent entre leurs deux cultures. Ceci ne peut être qu'enrichissant pour les deux parties.
Il serait possible par la suite de mettre en place des projets annexes ponctuels, en donnant par exemple la possibilité aux jeunes de photographier leur quotidien, tel qu'ils le perçoivent eux-mêmes, puis de mettre en regard leurs travaux respectifs et d'en tirer un album photo.
D'autre part, grâce à une rencontre fortuite, la possibilité d'organiser des évènements culturels franco-équatoriens semble se dessiner à l'horizon... Mais chuuut, ce sera notre secret!!
Enfin, de nombreux projets qui sont alimentables à l'infini et que vous pourrez suivre sur le blog de l'association (sur le site du Collectif Artishow)! Il ne reste plus qu'à relever les manches... et au boulot!

Bilan

Après avoir longtemps hésité sur la forme à donner à ce bilan, il faut se rendre à l'évidence: il ne sera de toutes façons pas facile de conclure deux mois et demi de travail intense et intensif! Après plus de huit mois de préparation (constitution de la nouvelle structure du projet et rédaction des dossiers, recherche des équipières, des financeurs, des partenaires, soutenance du dossier devant les jurys, mise en place de manifestations lucratives -tombola, vente de gâteaux, stand buvette lors de festivals de musique... - et de communication -émissions de radio, communiqués de presse...- autour du projet, nos 70 jours de présence sur le terrain représentaient la concrétisation de tout ce travail préalable.

Alors forcément, vous qui nous avez suivi depuis le début dans notre travail pouvez comprendre que 70 jours, ben ça passe vite... Outre l'acquis professionnel indéniable que nous auront prodigué les 70 interventions réalisées (nous y reviendrons plus tard), ce projet aura représenté, pour chacun des membres de l'équipe, une expérience incroyable sur le plan personnel. La carte de visite qu'il nous a prodiguée nous a ouvert des portes qui seraient évidemment restées closes si nous avions été simples touristes: la prison pour femmes de Quito, les 5 communautés indigènes d'Ambato et de Tabacundo, les 16 établissements scolaires d'El Carmen... et parfois plus que les interventions elles-mêmes, ce sont parfois les à-côtés qui nous auront marquées. Voici quelques anecdotes en vrac:

Imaginez-vous que le projet aurait pu ne jamais se terminer... Il faut dire qu'on a sûrement bénéficié de la protection d'une sacré bonne étoile ce jour-là... Ce jour-là? Oui, ce jour où l'on a croisé la route du chauffeur fou de La Bramadora. Ce n'était pas n'importe quel chauffeur fou (c'est un signe descriptif assez répandu en Equateur!), c'était tout simplement le PLUS fou!! Je vous plante le décor : un samedi à 13h00, après 3 interventions dans les collèges à distance de la Bramadora, village situé à 2 heures de ranchera (ce bus tape-cul qui part à 7h00 pétantes du matin) d'El Carmen. On venait de se poster sur le bord de la route pour attendre le bus quand les élèves du collège nous ont gentiment expliqué que la prochaine ranchera ne passerait pas avant 15h30... Pfiou, ça ne faisait guèrre notre affaire, ça! On décide donc de faire du stop et à peine 2 minutes après une camionnette s'arrête, qui nous emporte dans son caisson à l'arrière. Moi qui n'y crois pas, j'ai béni Dieu que celui-ci ait été pourvu de bords hauts, qui nous ont permis de nous tenir, car à peine montées, le chauffeur nous demande depuis sa fenêtre: "Les gustan las carreras 4x4?" (ca vous dit une petite course de rallye?) et on a mis 30 minutes à faire le trajet qui nous avait pris 2 heures à l'aller...!


De bons souvenirs aussi des nuits passées à Tondoliqué à manger chez Andrès et Antonia, qui fait la cuisine au feu de bois à même le sol de la pièce dans une maison sans cheminée...Obligées de se plier en deux pour pouvoir respirer tant la fumée qui remplissait la pièce était épaisse! Ou encore dans la "chambre d'amis" à l'étage de la garderie de la communauté, à tirer les lits à la courte paille: "Tu prends quoi ce soir, la planche à clous (une planche avec un paillasson géant en guise de matelas), la chambre nuptiale ou le matelas avec la couverture du chien?" "Heu, ben, plutôt la pouque du chien! Merci!" et à savoir qui dévisserait l'ampoule, seule source de chauffage de la pièce, pour éteindre la lumière... La dernière fois qu'on y est allées, le monsieur qui avait les clefs de cette pièce étant parti en week-end au Chimborazo (avec ses clefs), il a fallu déglinguer la serrure au coupe boulon pour pouvoir se coucher! Bref, on a bien rigolé.
Sauf peut-être cette fois où un des membres de l'équipe est rentré en France, sans prévenir personne, et sans nous donner de nouvelles avant la semaine suivante, plus de trois semaines avant la fin du projet, pour "incompréhension"... Heureusement que Gwendoline Leroi, Anne-Laure Decobert et Laureline Collet étaient là pour travailler sérieusement, elles!

Du coup, on doit l'avouer, on n'était pas peu fières quand a paru dans la presse régionale de Manabi un article à propos de notre travail. Il vous suffit de cliquer sur les photos pour les agrandir et pouvoir lire!



Plus sérieusement maintenant, faisons ensemble un bilan chiffré du projet, par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés, qui étaient les suivants:
*informer 4000 personnes en charlas
*distribuer 30 mallettes pédagogiques
*former 20 personnes relais
*réaliser un DVD pédagogique

* Nous avons vu très exactement 3497 personnes, âgées de 12 à 50 ans, au travers de 70 interventions réparties entre 27 lieux différents. Cet écart avec les prévisions s'explique par plusieurs critères. Tout d'abord, nous avons privilégié le travail qualitatif sur le travail quantitatif et avons parfois refusé de prendre des groupes trop nombreux, qui nous auraient permis d'atteindre facilement le seuil des 4000 personnes, mais au détriment de la qualité du message transmis. Nous sommes également retournées à plusieurs reprises dans certains centres, tels Domingo Savio de Don Bosco, où nous avons travaillé 3 fois, et qui ne regroupaient qu'un petit nombre d'élèves (une trentaine), que nous n'avons par conséquent comptés qu'une seule fois (au lieu de faire 3x30=90). Enfin, plus de trois semaines avant la fin du projet la déplorable défection d'un des membres de l'équipe, qui avait été précédée par de nombreuses périodes de maladie, nous a également sérieusement freinées dans le travail. Ces objectifs avaient été fixés par rapport au travail effectif de quatre personnes, pas de trois.

* Nous avons distribué une mallette pédagogique dans chacun de nos 27 lieux d'intervention. Ces mallettes (les jolis sacs bariolés que vous avez vus sur les photos...) contenaient chacune:
-un jeu de DVD informatifs:
*De donde vienen los ninos
*Atencion al recien nacido
*De nina a mujer y de nino a hombre
*El cuerpo humano: instrumento de amor
-le DVD pédagogique du Collectif Artishow réalisé avec les jeunes
-un jeu de planches anatomiques plastifiées
-un livre "Preguntas y respuestas sobre el Sida"
-un livre "Educacion sexual para adolescentes"
-une bande-dessinée "Las aventuras de Maïmouna" sur le préservatif féminin
-des prospectus sur l'emploi du préservatif masculin, la détection des infections sexuellement transmissibles, le Sida et les relations sexuelles
-des factices de plusieurs sortes de pilule
-un stérilet de démonstration et un utérus factice
-plusieurs exemplaires de préservatifs masculins et féminins pour la démonstration

* Nous avons formé 25 personnes-relais dans diverses régions du pays, qui ont reçu une mallette pédagogique et un certificat de formation attestant de leur niveau de connaissances et de leur aptitude à les transmettre:
-Enma, Lesli et Eduardo à Pisuli (Pichincha)
-Patricio à Conocoto (Pichincha)
-Antonia, Juana et Tomas à Tondoliqué (Tungurahua)
-Janeth, Elizabeth et Juanita à La Magdalena (Pichincha)
-Ketty à El Carmen (Manabi) pour travailler dans les zones rurales
-Les 14 professeurs du collège Lastenia d'El Carmen (Manabi)

* Le DVD a été réalisé grâce au travail d'ateliers théâtre préalablement effectué avec les apprentis du centre de formation Domingo Savio de Don Bosco. Les jeunes qui y ont joué avaient tous reçu la charla dans différentes structures, deux d'entre eux (Lesli et Patricio) sont d'ailleurs des personnes relais. Ce DVD a été dupliqué à 50 exemplaires, adjoint aux mallettes pédagogiques (distribuées dans tous nos lieux d'intervention et remises aux personnes relais) et pourra être dupliqué gratuitement et diffusé librement dans un but pédagogique.

Trois des objectifs sur quatre ont donc été remplis à 100%, le quatrième a été rempli à 87.4% pour les raisons expliquées plus haut. Le bilan est donc plus que positif et de nombreuses propositions de travail à long terme nous ont été faites à son terme. Vous les découvrirez dans l'article intitulé "perspectives d'avenir"...


ET SI BILAN POSITIF, EQUIPE CONTENTE!!

Fin du projet

Après l’épineux montage de la vidéo, en avant pour la course des derniers jours. Nous sommes le 29 août, Gwendo est partie hier, Anne-Laure s’en va le dimanche 2 et Laureline le mercredi 5 : surtout ne rien oublier !


Les 50 exemplaires du DVD enfin dupliqués et récupérés, il faut maintenant s’atteler à les distribuer ; dès le mercredi après-midi, première étape : les acteurs. En route pour la vallée voisine de Conocoto à 1/2h de Quito centre, retrouver nos 3 supers acteurs en herbe de Don Bosco. Accueillies par Ramiro, le directeur de la formation, nous disposons ensuite d’une heure de créneau avec le groupe de 30 ados pour visionner ensemble le film. Un baptême pour eux comme pour nous. Malgré la mauvaise qualité du son et en devinant la possible (avérée plus tard) responsabilité de la TV, un exemplaire est distribué à chacun des garçons, Luis (16 ans), Patricio et John (19 ans). Nous leur avions également réservé les impressions des photos des 2 jours de tournage (une centaine à se partager et dispute interdite !), et une mallette pédagogique augmentée d’environ 150 préservatifs pour Patricio qui nous avait plusieurs fois manifesté son désir de continuer la transmission d’informations, notamment au sein de sa communauté ; et puis après une si bonne prestation de médecin (entre autres), il avait toute notre confiance. Remise officielle, poignée de mains, sourires et photo étaient de circonstance. Nous repartons après avoir convenu avec Ramiro d’un rendez-vous en début de semaine prochaine pour discuter plus précisément des possibilités de partenariats à établir entre nous, des projets, des idées, de la suite…Sans oublier la création d’une boîte mail pour Patricio, afin que nous puissions continuer à répondre à d’éventuelles questions.


Le jeudi 30 août, nous filons au nord de la capitale, Casa de la Magdalena pour distribuer à Janeth, à Elizabeth, et à Juanita leur diplôme attestant des 6h de formation suivies auprès du collectif Artishow, et de leur capacité à poursuivre le projet avec l’aide du matériel d’autoformation et de présentation laissé à chacune. Ce jour-là, pour notre plus grand bonheur, nos joues étaient toutes baveuses de bisous d’enfants !

Lundi 3 septembre, Laureline toute seule comme une grande, se rend une dernière fois à Ambato (3h au sud de Quito) pour un rendez-vous prévu un peu plus haut dans la Cordillère, à Quisapincha, dernière petite ville avant les communautés de Tondolique, Pasa ou Illahua Grande. Rendez-vous à la française, au café du centre pour un petit déjeuner en bonne et due forme avec Juana et Antonia, nos 2 « femmes relais » de Tondolique, accompagnées de leurs maris respectifs et du petit dernier de chacune des 2 fratries. Après un copieux petit-déj’ pour tout le monde, l’heure est venue de gentiment renvoyer les maris chargés des enfants pour l’occasion ( !), et de rester entre femmes pour un dernier volet de formation. Presque 2h de plus, soit 8h au total plus 2 interventions pour Antonia et Juana qui avaient enfin mérité leur diplôme. Les 2 mènent avec leur communauté et les adjacentes de nombreux projets en construction ; au programme notamment, un centre de santé et un cercle de femmes autour de la parole et de l’artisanat. Si tout va bien pour elles, les mallettes devraient servir…

Mardi 4 septembre, ultimo dia, et bien sûr planning serré pour notre capitaine de projet. D’abord, le siège de notre partenaire local, l’ONG Nuevos Horizontes où laisser du matériel à Jordi (vous savez, notre volontaire psychologue espagnol) qui se fait personne relais des différentes maisons d’enfants où il travaille (dont Don Bosco) ; remise des DVD que l’ONG se charge de distribuer à tous les lieux d’interventions où nous n’avons pas pu retourner, un peu de paperasse et surtout saluer et remercier Laura, Gloria et Miriam pour leur aide précieuse. A bientôt les filles, félicitations et bon courage pour toutes vos œuvres !
Ensuite, Pisuli, ce quartier marginal du nord de la ville où Emma et Leslie attendent toujours leur diplôme. C’est maintenant chose faite, et ni la motivation, ni les occasions de transmettre ne manqueront à ces 2 jeunes femmes. Emma, institutrice, enseigne au Plan Ecuasol auprès des volontaires français en poste, aux enfants du quartier en soutien scolaire. Leslie, seulement 17 ans mais bien toutes ses dents n’en doutons pas, entre cette année à l’université, s’investit auprès de la Copprende (asso écuatorienne de prévention des risques liés à la sexualité), et a endossé plusieurs rôles avec brio lors du tournage de notre document. Le tout ajouté aux 6h de formation reçues, voilà quelqu’un de bien opérationnel, qui aura bien décortiqué le sujet ; et ce n’est qu’un début !
Enfin, plus tard dans la journée, une dernière visite à Don Bosco pour établir avec Ramiro Mantilla une ligne commune d’actions et ouvrir le projet vers d’autres horizons mais chuuuuuut…… ! Place au suspense sur le sujet…

Ecuador, notre vœu à toutes les 3 : que ce ne soit qu’un au revoir !

Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.