lundi 25 août 2008

Colegio Cotopaxi, El Carmen, Manabi.

Vendredi 29 août.

Petit établissement situé à trois cuadras, ou trois rues, de notre hotel, le Colegio Cotopaxi, du nom du plus haut volcan de l´Equateur, nous accueille le vendredi 29 août 2008. Notre petite équipe de trois (Anne-Sophie, Nesrine et Anna) est reçue par le recteur qui, convaincu par le travail effectué l´an passé dans son lycée, nous accorde toute son attention. Cependant, baissant tout à coup la voix, il nous informe que deux des jeunes filles de Sexto curso (équivalent de la Terminale) sont enceintes, et nous demande d´éviter de les stigmatiser au cours de notre intervention...
Loin de nous cette idée! Jamais nous ne disons que la grossesse est quelque chose de mal, nous donnons seulement les informations nécessaires pour être capable de choisir le moment idéal. Voici le recteur rassuré et nous pouvons commencer nos ateliers. L´établissement étant relativement petit - il accueille environ 180 élèves - nous réussissons à rencontrer tous les élèves en une matinée. Selon les classes, les jeunes sont plus ou moins attentifs mais, au vu des nombreuses questions, le sujet semble les intéresser. Et la présence de ces deux jeunes filles enceintes en prouve la nécessité. Au moment de recevoir le certificat prouvant notre travail dans l´établissement, le recteur nous alpague, nous serre la main, et, enthousiasmé, nous invite à revenir dès que nous pouvons... Les personnes-relais formées par nos bons soins s´en chargeront.

Anna Postel.

Intervention en zone rurale, La Esperanza, Manabi.

Mercredi 27 août.

Pour se rendre à “La Esperanza”, Laureline et Nesrine doivent prendre une « ranchera », un de ces bus colorés (cabine de camion assortie de bancs en bois)qui dessert les zones rurales de la région sur lesquelles les tranports en commun "classiques" ne peuvent pas circuler. La Esperanza est une communauté située aux alentours d'El Carmen, dans le « campo » comme disent les locaux. Après une vingtaine de minutes de ranchera, nous arrivons chez Maura, membre de la fondation Santa Marta et c’est également chez elle que l’équipe des deux intervenantes passera la nuit. En effet, la « charla » ayant lieu en soirée pour permettre au maximum de gens d'y assister, il n’y a plus de possibilité de retour vers El Carmen après 19h...


Après avoir salué toute la famille de Maura dans leur maison sur pilotis au beau milieu des bananeraies, nous prenons le chemin de la maison communale où se tiendra notre atelier. Le lieu de l’intervention ressemble plus à une dalle de béton couverte d´un toit de tôle qu’à une salle conventionnelle de réunion, mais elle est équipée d’électricité et de chaises en nombre suffisant pour satisfaire tous les courageux venus nous écouter!


Au début le public n’est guère nombreux et avance timidemement vers le lieu d’intervention. Après un certain temps, nous décidons de commencer avec la quinzaine de personnes présentes. Laureline et Nesrine se présentent brièvement... et là une trentaine de personnes supplémentaires se joignent au groupe, des enfants, des adolescents, des femmes et des hommes. Nous interrompons donc l´intervention afin que chacun puisse prendre place et la « charla » peut enfin réllement débuter... le deuxième élan est le bon. Le public est globalement très réceptif mais ce sont surtout les femmes qui prennent la parole et posent des questions. Nous tentons de répondre aux doutes des femmes, notamment sur les risques éventuels d’avoir des relations sexuelles pendant les règles.


La charla se termine vers 22h et nous rentrons bien fatiguées nous coucher dans la maison de Maura qui nous offre le lit de son fils et la compagnie de ses copines à huit pattes, les araignés « géantes », qui font presque partie du décor.



Le lendemain matin, le réveil se fait au bruit des coqs et notre hôte nous prépare un bon petit déjeuner à base de tostada au fromage, café et « chifles » (bananes vertes frites)... rien de tel pour commencer une nouvelle journée de travail, qui sera encore bien remplie...!

Anna Postel.

Formation des professeurs du collège Lasteña, El Carmen, Manabi.

A lire prochainement!

Barrio Colonape, El Carmen, Manabi.



Mardi 26 août.

Le 26 août, Lourdes, la coordinatrice de la Restrepo où nous sommes intervenues la veille, nous organise un atelier d´éducation sexuelle avec Colonape, communauté située à une heure d'El Carmen dont elle est originaire. Son mari, fervent admirateur de notre charla - il prenait des notes à La Restrepo - nous y conduit dans sa camionnette. Sans savoir ce qui les attend, nos deux intervenantes Laureline et Anna, insistent pour s´asseoir à l´arrière du véhicule, sur une planche de bois, afin de mieux admirer le paysage. Ce qu´elles n´avaient pas pris en compte furent la durée du trajet, le froid et surtout la pluie!


La camionnette suit quelques temps une route de bitume puis s´engouffre dans les bananeraies, sur un chemin de terre. La pluie ne dure pas et le paysage qui s´offre est superbe, pas une habitation, des bananiers à perte de vue. Au bout d´une heure de douleurs des fesses - la planche n´est pas ce qu´on fait de plus confortable - mais de plaisir des yeux, nous débouchons sur un petit village dont le nom est inscrit sur la façade de l´église: Colonape. Dans l´église justement, la messe bat son plein, on entend le curé déconstruire la théorie de l´évolution au profit de la création divine. C´est à la suite de ce sermon que se déroulera notre intervention. Il nous faudra donc patienter un peu, "Ya mismo termina la misa" nous disent-ils, ce qui signifie qu´elle se terminera dans un laps de temps indéterminé, pouvant aller de 10 minutes à plusieurs heures... A l´extérieur commence à s´amasser un groupe de jeunes hommes, ceux qui n´assistent pas à la liturgie, mais qui viendront cependant à notre atelier.


Puis, un peu avant 19h les fidèles sortent et se réunissent dans une petite salle paroissiale qui se remplit peu à peu jusqu´à contenir une cinquantaine de personnes. Notre intervention reçoit un bon accueil du public. Les participants sont pour la plupart des travailleurs agricoles qui ont reçu une éducation assez limitée et n´ont pas réellement l´occasion d´aborder le thème de la sexualité. Mais la réticence que l´on sent chez quelques personnes est contrebalancée par les interventions de Lourdes et les rires de tous qui montrent que le message passe. Il semble que les participants ont de nombreuses questions mais les tabous qui entourent le sujet les empêchent de les poser. C´est pour cette raison que nous voulons former des personnes-relais dans la communauté. Ainsi, les habitants pourront demander des conseils de manière plus intime, à une personne qui leur est déjà familière. En outre, les personnes formées pourront organiser des ateliers avec des groupes plus restreints.


A la formation organisée en fin de semaine nous avons convié deux personnes de Colonape, l´aide soignante de la Casa de Salud et un jeune de 16 ans, élève au Colegio Municipal où nous avons donné la charla. Suite des aventures le jeudi 28 et le vendredi 29 durant la formation!
Anna Postel.

Paroquia 4 de Diciembre, El Carmen, Manabi.

Mercredi 20 août.

Enthousiastes suite à nos interventions auprès des 900 élèves du Colegio Municipal, leurs professeurs nous ont vivement sollicitées pour une charla au bénéfice des habitants de la paroisse voisine. Nous convenons de nous retrouver vers 20h à la salle communale en présence de l’infirmière scolaire, présente depuis trois ans lors de nos interventions dans ce collège. Une trentaine de personnes arrive peu à peu, sans savoir à quelle sauce ils vont être mangés après cette longue journée de labeur.

On nous signale que certaines personnes ne savent ni lire, ni écrire, nous choisissons de repartir des bases, et de simplifier l’information au maximum pour que le message passe. L’assistance se révèle très hétérogène finalement, quelques personnes sont particulièrement calées sur le sujet. Nous devons répondre à des questions très techniques, au détriment d’informations essentielles qui seraient pourtant indispensables à la majorité du public.


Difficile de négocier le virage dans ces cas-là, en essayant de ne pas décourager les participants de poser des questions, tout en gardant le cap de la charla… Les questions fusent, et nous avons parfois l’impression d’être testées. Nous apportons les précisions demandées, larguant définitivement bien qu’à contrecœur la majorité des personnes présentes. L’organisateur de la charla nous informe que le temps presse, nous parvenons finalement à conclure, sans manquer de constater l’hémorragie parmi le public…


Cette intervention au déroulement inhabituel nous aura permis de constater à nouveau les grandes disparités de connaissances sur le sujet, et son caractère parfois polémique. Les mythes ont la vie dure, et ils circulent plus rapidement que les vérités !

Anne-Sophie Bouru.

Intervention sur SonoRadio, El Carmen, Manabi.

Semaine du 20 août.

Enthousiasmé par la quinzaine de charlas réalisées auprès des élèves du collège Tecnico et de l'ensemble des professeurs, Jairo, professeur du collège et animateur d'une émission tous les soirs de 18h à 19h, a très gentillement invité Nathalia et Laureline à venir s'exprimer sur les ondes de Sono Radio.



Après avoir réalisé une première émission de présentation de notre travail à El Carmen la semaine dernière, nous convenons avec lui d'une série d'émission de 15 minutes intégrées à son programme. Le but de celles-ci est de profiter de la large diffusion et de l'important taux d'audience de cette radio afin de transmettre nos informations contraceptives à un public nombreux.


C'est donc avec grand plaisir que nous dédierons ces émissions aux préservatifs masculins et féminins, à la pilule, ainsi au'à l'implant et au patch hormonaux, vantant les mérites de chacun, présentant les modes d'emploi et de fonctionnement et surtout, insistant sur la nécessité d'un contrôle médical régulier chez les futures utilisatrices.

Laureline Collet.

Barrio La Restrepo, El carmen, Manabi.

Lundi 25 août.

Le quartier La Restrepo, où nous sommes conviées le lundi 25 août, n´est situé qu`à une vingtaine de minutes de bus d´El Carmen, mais il semble appartenir à un autre monde: sol couvert de sable et de poussière, maisons en caña (canne à sucre), bananiers dans les jardins, ce paysage est typique des villages des bananeraies qui couvrent la province de Manabi. Notre contact local, Ketty Vidal Vélez, est en charge de la branche locale d'une association qui propose des plans d´épargne ainsi que des micro-crédits d'entreprenariat aux femmes de la région. Avec la collaboration de Lourdes, une autre membre de la fondation, elle organise une réunion de quartier pour parler de la sexualité.


Le temps est chaud et humide; heureusement, la salle où se déroule l´intervention n´a que trois mur et un toit en tôle, ce qui permet la circulation de l´air. Laureline et Anna sont dépêchées pour intervenir auprès de cette communauté. A notre arrivée, nous ne trouvons qu´une dizaine de personnes, mais Lourdes nous assure que les autres viendront plus tard: c´est la fameuse heure équatorienne, dit-elle. En les attendant, nous présentons notre formation au Planning Familial et la pérennité de notre action afin de crédibiliser notre projet aux yeux du public quelque peu sceptique, et surtout surpris car le sujet de la réunion ne leur avait pas été présenté au préalable.



Les participants arrivent au compte-goutte et nous commençons l´intervention. Très vite la confiance s´instaure, l´intérêt croît. Une femme se distingue par son dynamisme, ses questions et ses réponses pertinentes. Elle acquiesce de la tête pour signifier son approbation. Les autres membres du public, malgré leur silence, semblent également intéressés; ils acceptent de toucher les préservatifs, un homme prend même des notes, ce qui n´arrive guère souvent. Nous sommes finalement remerciées par des applaudissements et les femmes les plus jeunes viennent nous poser des questions personnelles en se demandant quand nous reviendrons...Cela n´est pas prévu au programme puisque nous allons former des femmes de l´association de micro-crédit afin que celles-ci puisse donner d´autres charlas dans cette communauté...




Anna Postel.

Colegio Americano, El Carmen, Manabi.

26 août.


Le 26 août 2008 notre petite équipe est invitée au Colegio Americano del Carmen, qui n´a d´Americain que le nom. Il s´agit d´un établissement privé où étudient les enfants des familles les plus privilégiées d´El Carmen. Les classes sont donc moins nombreuses que dans les colegios fiscales (publics) et l´encadrement sûrement meilleur car les élèvent semblent avoir de très bonnes connaissances de bases. Peut-être est-ce dû au fait que les participantes au projet d´éducation sexuelle de l´an dernier sont venues donner une charla dans ce collège-lycée.


Professeurs comme étudiants nous reçoivent avec le sourire et bredouillent quelques mots de français, Bonjour, comment ça va?. La charla se déroule dans de très bonnes conditions; nous n´avons pas même de contrainte horaire: deux heures devraient nous suffire. Les élèves, assoiffés de savoir, demandent à voir le préservatif féminin et la T avant même la présentation des moyens les plus simples. Bien sûr, selon l´âge des jeunes, les explications de la pilule sont plus ou moins détaillées, et comme toujours nous répondons aux moult questions posées par l´assemblée. A la suite de la distribution des livrets explicatifs et des préservatifs, les élèves nous demandent, comme dans tous les collèges, un petit paquet bleu de plus, la ration de deux par personne ne semblant jamais être suffisante...On espère ne pas les retrouver par terre, transformés en ballons...

Anna Postel.
Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.