Toujours dans le canton de Patate, l´équipe d´éducation sexuelle se rend le mercredi 13 août à Poatug, communauté située à une demi heure du village. A 18h sonnantes et trébuchantes, nous y sommes, prêtes à donner notre charla à un public qui, selon les dires de l´ambulancier qui nous a conduites, est bien mois informé qu´à Loma Grande où nous étions la veille. Toujours selon lui, Poatug est frappé par l´alcoolisme et il y a nombre de femmes battues, ce qui signifie que notre intervention ne trouvera pas forcement des oreilles attentives. Mais nous n´avons pas même l´occasion de vérifier ses dires, car les habitants ne sont pas au rendez-vous... La journée ayant été ensoleillée, beaucoup sont encore aux champs ou viennent de rentrer épuisés. Nous convenons donc avec le chef de la communauté, lui aussi endormi, qu´il est plus simple de revenir samedi, jour de repos des habitants. Espérons que notre public sera présent alors.
Le lendemain de la mésaventure de Poatug, jeudi 14 août, deux membres de l´équipe, Laureline et Anna se dirigent vers Mundug, communauté au nom semblable mais aux habitudes bien distinctes. Ce village, moins éloigné de Patate que Poatug, semble moins reculé. L´accueil qui nous est réservé est excellent; le chef de la communauté nous introduit de façon élogieuse et enjoint le public de bien nous écouter. Nous distribuons des questionnaires pré-intervention à un échantillon de dix personnes que nous aidons en cas de difficulté de vue ou de lecture.
Malgré leur fatigue - les habitants travaillent toute la journée dans des champs situés sur des versants très inclinés - ils sont toute ouïe et participent à la charla pendant plus de deux heures. De nombreuses questions émergent, certaines extrêmement pointues, notamment sur le destin des ovules chez des femmes qui prennent la pilule: puisqu´une femme naît avec un stock d´ovules qui ne sont pas libérés à cause des hormones de la pilule, où vont-ils? Ou encore, pourquoi les règles disparaissent-elles chez certaines femmes qui ont un implant? Les remarques les plus intéressantes sont le fait de deux femmes plutôt éclairées sur le sujet de la prévention; nous songeons à proposer à l´une d´entre elles de devenir à son tour formatrice afin d´approfondir notre travail dans les communautés.
A la fin de notre charla, au moment de distribuer l´ultime questionnaire, un monsieur d´une cinquantaine d´années nous remercie de notre venue en soulignant le fait que jamais ils n´avaient reçu d´intervention aussi directe, précise et sans tabou. Il nous encourage à nous diriger plus particulièrement aux jeunes des communautés. Le rôle de la personne-relais sera d´organiser ce genre d´ateliers plus spécifiques.
Anna Postel.
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