lundi 28 juillet 2008

Atelier de la Fondation Patronato San Jose

24 juillet 2008

Deux membres de l´équipe ont assisté à un atelier organisé par le programme ADOLE-ISIS qui s´occupe de très jeunes mères. Cet atelier, animé par une psychologue, Ximena, a pour but de sensibiliser les participants – une vingtaine d´adolescents de 13-14 ans – à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu´à la responsabilité face aux choix en matière de sexualité. S´inscrivant dans la campagne Mas Amor Por Mi (Plus d´amour pour moi), cette intervention cherche à restituer aux jeunes leur auto-estime, leur confiance en eux, afin qu´ils puissent débuter leur vie sexuelle dans le respect de leur corps et de celui de l´autre.
Ainsi, les exercices amènent les participants à prendre conscience de leur corps, puis à toucher celui de l´autre. Certains ados s´y refusent, d´autres rient, gênés. C´est le début d´un débat sur le thème du désir et de ses tabous, de la relation entre sexes… La psychologue a ensuite proposé un brainstorming de tous les mots qualifiant les organes sexuels masculins et féminin, ainsi que la masturbation et l´homosexualité, déclenchant, là encore, les éclats de rire des ados. A la suite de cela, les participants ont dû citer tous les termes qu´ils associent au mot sexe : plaisir, risques, prévention etc… Pour finir, les jeunes ont dû improviser de petites scènes théâtrales autour des rapports parents/enfants et les difficultés de parler des risques que peuvent courir les adolescents lorsqu´ils commencent à sortir.



Globalement, cet atelier nous a paru intéressant comme introduction au thème de la sexualité. L´approche est plutôt novatrice et pousse les jeunes à réfléchir plutôt que de leur donner des réponses toutes faites. Cette méthode est tout à fait différente, mais aussi complémentaire, de celle que nous adoptons. Toutefois, l´atelier nous a laissé sur notre faim. Outre la faible implication des adolescents qui a pu ralentir le déroulement de la séance, il nous semble que la psychologue n´a pas abordé en profondeur les thèmes évoqués. La contraception a été citée lors des brainstormings, mais les différentes méthodes n´ont pas été expliquées. De même pour le préservatif : si de nombreux participants l´ont mentionné, savent-ils comment l´utiliser ? Enfin, les modes de transmission et de prévention des IST et du VIH-Sida n´ont pas été évoqués.


Tout cela peut s´expliquer par la teinte quelque peu moralisatrice du discours de la psychologue qui incite à retarder au maximum l´âge des premiers rapports sexuels. Cette dernière a insisté sur la responsabilité des jeunes faces à leurs actes, le droit de dire non, la masturbation comme alternative aux relations sexuelles, idées que nous partageons, bien sûr. Cependant, nous savons bien que les premiers rapports ont lieu pendant l´adolescence et qu´il est nécessaire de présenter le plus tôt possible les moyens pour éviter une grossesse non désirée ou une IST afin de permettre une vie sexuelle responsable.

La méthode employée lors de cet atelier nous parait donc convenir à une première approche de l´éducation sexuelle car elle permet aux jeunes de réfléchir à leur corps, aux risques liés à l´éveil de leur désir. Cependant, cet atelier devrait être suivi d´autres complétant les connaissances fragmentaires des adolescents. Voila pourquoi notre charla, qui évoque des aspects plus techniques de la prévention, pourrait s´inscrire en complément de cet atelier. C´est ce que nous tenterons d´organiser durant le mois d´août.

Intervention au plan Ecuasol avec les adultes.

20 juillet 2008

Retour de l´équipe à Pisuli pour une intervention auprès des parents des enfants pris en charge par le plan Ecuasol. Nous profitons du jour de la fête de fin d´année, seul moment où tous les parents sont réunis et peuvent être mobilisés facilement. La matinée commence par la messe, se poursuit par notre atelier d´éducation sexuelle puis par des jeux auxquels prennent part parents et enfants, et se clôt par un repas offert par l´association.

L´intervention se passe sans encombre, face à un public plutôt averti puisque certaines personnes avaient déjà suivi les charlas données en 2006 et 2007 par le Collectif Artishow. Cependant, cela n´empêche pas les questions qui démontrent une connaissance lacunaire sur la sexualité. D´aucuns se demandent si les moustiques peuvent transmettre le Sida ou encore si la pilule est un moyen de s´en protéger...

Les questionnaires que nous distribuons juste avant l´intervention sont un très bon moyen de cibler les connaissances manquantes pour répondre pertinemment. Malheureusement, les groupes, comme cette fois-ci, sont hétérogènes et partent avec un passif très différent.

Nous avons débuté l´intervention par le visionnage du DVD pédagogique réalisé l’an dernier qui a beaucoup plu, permettant de raviver quelques connaissances et de lancer le débat. Laureline, Nesrine et Nathalia ont pris en charge la présentation des moyens de contraceptions et du VIH-Sida puis ont répondu aux questions. Les autres, préposées aux photos, en ont fait de bonnes !


Nous avons eu l´occasion de discuter avec un jeune couple, qui, a à peine 30 ans a déjà cinq enfants. La femme a eu son premier fils a 14 ans, par manque de connaissances en matière de planning familial. Les deux avaient déjà suivi l´intervention l´an dernier mais étaient heureux de remettre à jour leurs connaissances. A la suite de la charla, nous avons nous aussi pris part aux jeux organisés par les volontaires du Plan Ecuasol avant de partager leur repas.

samedi 26 juillet 2008

Plan Ecuasol, Pisuli-La Roldos, Quito Norte

18 juillet 2008


L´équipe est de nouveau invitée à intervenir à Pisuli, mais cette fois c´est à la fondation Plan Ecuasol, l´ONG franco-équatorienne avec qui nous collaborons. Un centre accueille des enfants défavorisés de 6 à 16 ans pendant la journée afin de leur dispenser du soutien scolaire et d´organiser des activités pour leur éviter au maximum l´oisiveté.


Notre public est aujourd´hui composé de 25 enfants, âgés de 9 à 16 ans. Bien entendu, très peu d´entre eux ont commencé leur vie sexuelle, mais il est important que les informations soient délivrées avant les premières relations. Les enfants en savent d´ailleurs assez long et n´hésitent pas à noter des questions sur l´enquête pré-intervention.



Au vu de l´âge du public, nous avons adapté notre charla et développé les thèmes liés à l´adolescence comme les transformations du corps et l´apparition des règles. Nous avons ensuite pu aborder les relations sexuelles, les méthodes contraceptives et les IST. Le visionnage du DVD pédagogique tourné l´an dernier a permis d´introduire le thème de manière ludique avec un support audiovisuel représentant des adolescents. Le film présente diverses scènes liées à la vie sexuelle, comme l´achat de préservatifs ou une visite médicale d´une jeune femme enceinte. Il permet aux jeunes de s´identifier et de mémoriser des thématiques abordées.

De manière générale les jeunes sont très réceptif; même ceux qui habituellement sont agités nous écoutent et répondent juste à nos questions. Il faut dire que le thème abordé est à plutôt amusant pour eux, et déclenche les rires au moment de tester la résistance des préservatifs. Et ne dit-on pas que le rire aide à l´apprentissage ?


Nous terminons la charla par la distribution de préservatifs féminins et masculins ; ces derniers terminent en bombes à eau... Mais peut-être faut-il que les enfants se familiarisent avec, même en tant que jouet, pour ensuite l´utiliser à bon escient le moment venu...

samedi 19 juillet 2008

Centre de réhabilitation Buen Pastor, Conocoto, Valle de los Chillos, Quito.

19 juillet 2008

Nous voici aujourd'hui en route pour le centre de réhabilitation pour mineures bibliquement nommé "Buen Pastor". Situé à Conocoto, à l'est de Quito dans la vallée des Chillos, le centre est atteint après 30 minutes de bus et 20 bonnes autres de marche à pied, que nous effectuons sous un soleil de plomb. Ce type de structure s'inscrit dans la droite lignée de mesures visant à désengorger les prisons de la République d'Equateur prises par le gouvernement Correa. Tous les mineurs n'étant pas pris en flagrant déli sont orientés vers des centres d'accueil, dont la plupart sont encore aux mains des religieux. Buen Pator était d'ailleurs il y a encore peu géré par des bonnes soeurs, et nous avions eu l'occasion de nous y rendre en 2006 pour un rendez-vous préparatoire d'intervention. Les fidèles du projet se rappeleront que nous avions gentillement été mises à la porte par la mère supérieure au moment de lui expliquer l'utilité des contraceptifs pour des jeunes filles accueillies, lesquelles sont directement exposées aux risques liés à la sexualité par leur mode de vie.



Repris par le gouvernement, ce centre accueille 13 jeunes filles, dont une avec son bébé, lesquelles sont ammenées par la police pour divers actes de délinquance, vol, achat ou vente de drogue, racollage, le tout pour des peines allant de quelques semaines à un an... On est samedi, il fait chaud, le centre tourne au ralenti. Nous arrivons au moment où les filles prennent leur douche, et il nous fait attendre qu'elles aient fini de se pomponer pour pouvoir débuter l'intervention. Pour patienter, nous discutons avec deux d'entre elles agées de 16 ans dans la cour. Peu farouches et intriguées par notre venue, elles nous posent des questions sur le tabac à rouler utilisé par Anne-Laure et Anne-Sophie, car elles pensent qu'il s'agit de marijuana (dans un centre de rétention, non mais quand meme!). L'une d'elles enchaine ensuite sur le bonheur que ca sera de pouvoir de nouveau en consommer dès sa sortie du centre. Elle est arrivée ici à la suite de nombreux vols réalisés pour subvenir à ses besoins de consommatrice de "Base", l'un des composants de la cocaine se fumant avec de la marijuana. Cette drogue, très addictive, est l'une des plus consommées en Equateur car elle est très répandue et bon marché et fait des ravages parmi les populations pauvres. La seconde, maman d'un petit garcon de 2 ans concu avec un touriste américain de passage dans son village, est ici pour vol. Elle nous dit qu'elle souhaite trouver du travail en sortant pour assumer son enfant, lequel est pour l'instant laissé aux bons soins de sa grand-mère.



Elles arrivent enfin, après moult essais de coiffure, et se plient sans sciller aux désormais traditionnels questionnaires pré-intervention. Nous débuttons plus d'une heure après notre arrivée. Les 10 personnes assistant finalement à la charla forment un groupe très hétérogène. Je me demande franchement ce que font certaines filles à cet endroit. Vives et intelligentes, certaines participent avec entrain tandis que d'autres ont l'air complètement dépassées par les informations que nous déballons. Parmi elles, la jeune fille de 14 ans maman d'une petite de 18 mois...

Après environ 1h30 d'intervention, nous terminons par les questionnaires post-charla, lesquels nous permettent, au vu des réponses des participants, d'évaluer la qualité du travail réalisé. Zut, elles n'ont pas compris qu'on attrapait pas le sida avec une piqure de moustique. Heureusement, les dépliants pédagogiques que nous distribuons après chaque intervention contiennent toutes les informations nécessaires. Toutes ces jeunes filles recevant en effet la visite de leurs maris, fiancés ou amoureux au centre, la distribution des préservatifs féminins et masculins a comme toujours beaucoup de succès car aucun moyen n'est officiellement mis à leur disposition pour éviter qu'elles ne tombent enceintes...


Laureline Collet

Déchetterie de Zambiza, Quito Norte.

14 juillet 2008


Plus encore qu’à notre premiere venue, l’odeur aigre des ordures nous assaille. C’est parti pour une intervention ! Nous nous regroupons dans la crèche, au milieu des cris d’enfants, pour attendre notre public. Les 25 jeunes femmes arrivent peu à peu – seul un homme a été convoqué – certaines aux vêtements de travail très sales, d’autres en habits de ville, maquillées, les cheveux encore humides de la douche qu’elles viennent de prendre. Toutes ont déja au moins un enfant et paraissent bien plus agées que leur vingtaine d’années.



La plus jeunes, 17 ans, a déja un bébé de 18 mois à qui elle a donné le jour à la suite d’un viol comis par son beau-frere. Elle sait bien qu’une femme peut tomber enceinte lors de son premier rapport sexuel, ce qu’ignorent nombreuses de ses camarades de travail. La participante la plus agée, elle, a 57 ans et n’a jamais entendu parler de contraception... Je me demande pourquoi la coordinatrice du centre de recyclage l’a convoquée ; peut-etre pour qu’elle diffuse les informations autour d’elle... Malheureusement, elle n’a pas compris grand chose à notre charla et il est improbable qu’elle en retienne quelque chose.


Deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années nous ont raconté leur expérience de la ligature des trompe en nous posant des questions sur les effets secondaires de cette opération. Ici, nous avons été obligées de les rediriger vers un médecin pour un diagnostique personnalisé que nous sommes incapables de donner.Nombreuses des participantes ont un niveau culturel assez bas et ne comprennent pas toujours les explications de tous les moyens de contraceptions. Qui plus est, l’attention ne peut être parfaite à cause des cris et de l’agitation des bambins qui fatiguent Anne–Laure et Nathalia, nos intervenantes, autant que le public.


Pourtant, il doit être resté quelque chose de l’intervention; au vu des questionnaires de fin de charla, nous pouvons dire que des connaissances ont été aquises qui vont peut etre conduire à une modification des comportements.En guise de conclusion, le pasteur évangélique a pris la parole pour souligner l’importance des informations diffusées, mais aussi, et surtout, la NECESSITE d’être fidèle et de se garder pour le mariage... Jolie conclusion qui, nous en sommes convaincues, ne sapera pas les fondements de notre discours invariablement basé sur la réalité de la situation.

Fondation Honrar la Vida, Pisuli, Quito Norte

Sam 18 juillet


Première intervention d´éducation sexuelle de l´édition 2008 de notre projet. L´équipe est réunie à Pisuli, quartier plutôt défavorisé situé au nord de Quito, dans la cantine de la « Fondacion Honrar La Vida » qui accueille chaque jour des enfants en âge préscolaire. Mais aujourd´hui ce sont les parents qui prennent place sur les minuscules chaises du réfectoire pour écouter notre charla.

L´ambiance est quelque peu étrange ; les parents arrivent au compte goutte, accompagnés de leur progéniture, croyant assister à une simple réunion avec les éducateurs. Ils sont assez surpris lorsqu´on leur précise qu´il s´agit en réalité´d´un atelier d´éducation sexuelle, mais ne s´opposent pas à le suivre, même en présence de leurs enfants. Bien au contraire, semble-t-il.
Le public est donc très hétérogène, avec 25 adultes de plus de quinze ans et au moins autant d´enfants qui piaillent et courent partout.



Cette première cession d´information nous permet de tester nos questionnaires de début et de fin d´intervention et va nous amener à les modifier en fonction des incompréhensions et difficultés participants Le questionnaire qui précède la charla a pour but d´évaluer les connaissances de notre public afin d´adapter notre discours aux éventuelles questions. Ici, le public semble avoir une assez bonne idée de ce qu´est la contraception mais utilise encore des méthodes naturelles et reste dans le flou quant aux modes de transmission du Sida. Nombreux sont ceux qui croient qu´on peut éviter une grossesse en faisant l´amour pendant les règles ou en allant aux toilettes après une relation sexuelle. Il nous revient donc d´insister sur ces points pour clarifier les choses.



La charla est prise en charge par Laureline, les autres équipières étant postées en observation afin de compléter leur formation. Nous avons la chance de nous trouver face à un public très réceptif qui relance la discussion par moult questions. La démonstration du préservatif féminin déclenche une nuée de rires qui redoublent lorsqu´une jeune femme évoque la ressemblance avec un préservatif pour cheval !
La pilule et le stérilet réveillent également des interrogations – une femme d´une cinquantaine d´années affirme être tombée enceinte sous pilule puis avec un stérilet, pour finir avec dix enfants ! Difficile pour nous de rester crédibles apres cela !

A la fin de la charla, pendant la distribution des folletos informatifs et des préservatifs, les jeunes femmes et les couples se bousculent pour poser des questions plus personnelles sur leur propre contraception, cherchant à se rassurer, tout en nous remerciant de notre intervention.


Des questionnements demeurent quant aux tabous liés à la sexualité, à la manière d’en parler aux jeunes par exemple. La formation que nous allons dispenser aux animateurs de la fondation “‌Honrar la Vida" permettra à ceux­ci de diffuser des informations claires aux jeunes qui la fréquentent. Qui plus est, nous allons intervenir directement auprès de jeunes de Pisuli vendredi prochain.

Anna Postel
Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.