samedi 23 août 2008

Et pendant ce temps là, de l'autre côté de la vallée...

Lundi 18 août.

Dès le lundi matin, Anne-Laure et Laureline se retrouvent à la gare routière d'Ambato, grosse ville de la sierra, à la population métissée et fortement indigène. Rappelons afin d'éviter la confusion, que cette appelation n'est en rien péjorative, et qu'elle est au contraire utilisée par les indigènes eux-mêmes. Le but de notre présence ici est de rencontrer Antonia, trésorière de la communauté indigène de Nueva Tondolique, que nous avons formé l'année dernière, afin de faire le point avec elle sur le travail accompli depuis janvier, date de l'envoi de son dernier rapport de travail, et de prévoir la formation de nouvelles femmes de la communauté.

La journée commence bien... Son numéro de téléphone ne fonctionne pas, et nous ne la retrouvons qu'en fin de journée après moultes investigations et beaucoup de hasard... Nous faisons des achats de nourriture afin d'apporter "en haut" (Tondolique est située à 3700 mètres d'altitude, et environ une heure de camionette d'Ambato) les vivres nécessaires aux repas durant notre séjour. Notre présence ne doit en rien représenter un poids économique pour cette famille très modeste. Antonia élève en effet seule, et presque sans revenus, 4 enfants depuis le départ clandestin de son mari aux Etats-Unis...

Après une soirée chez Antonia à réactiver les liens tissés au cours du travail et des différents séjour réalisés l'année dernière, nous rencontrons le lendemain matin le secrétaire de la communauté qui nous convie à une réunion le soir même dans l'église , afin que nous puissions présenter notre projet à toute la communauté. Notre objectif est en effet de recruter 4 femmes volontaires afin de les former aux connaissances basiques sur la sexualité. Nous souhaiterions également former le seul instituteur de l'école quechua de la communauté y résidant, car celui-ci est en contact avec les jeunes toute la semaine et pourrait tout à faire faire office de relais auprès d'eux.

Suite à cette entrevue nous partons faire un tour dans la communauté et rencontrons Paula, travailleuse sociale de l'ONG "Jovenes para el futuro" (Jeunes pour le futur). Celle-ci vient tous les mardis travailler avec un groupe de jeunes adultes et donner des ateliers sur les droits des enfants aux petits qui passent leurs journées de vacances à la garderie communautaire (à regarder l'histoire de Jésus en DVD dans l'áglise évangéliste...). Nous convenons de nous revoir car elle sera présente régulièrement, et sur le long terme dans la communauté. Elle pourra donc probablement nous aider dans nos démarches, ou du moins nous appuyer.


La matinée se conclut par un bon petit plat de cochon d'inde préparé avec amour par Antonia pour les professeurs de l'école qui sont en pleines inscriptions scolaires. Nous en profitons avec plaisir car ce plat de luxe est une marque de respect et de reconnaissance qui nous est offerte. Nous descendons ensuite dans le centre ville d'Ambato afin de rencontrer la responsable du centre APROFE de la ville. Cette structure accueille les femmes pour des consultations de planification familiale, des consultations médicales, de gynécologie obstétrique, distribue des contraceptifs à des prix limités, et propose des ateliers d'informations gratuits aux groupes de plus de 10 personnes. En discutant avec Catalina Garcia Perez et en lui présentant le travail que nous réalisons auprès des communautés, nous tombons d'accord sur la possibilité de faire bénéficier nous futures formatrices indigènes d'ateliers réalisés par des médecins, gynécologues ou autres les samedis après-midis au centre APROFE. Ces ateliers permettrons de renforcer ponctuellement les connaissances acquises par les participantes, et d'associer les structures existantes dans une logique de transfert de compétences.

Nous prenons ensuite un bus jusqu'a Quisapincha, la dernière bourgade métisse précédant la longue ascencion aux communautés, car point de camionettes remontant directement depuis Ambato le mardi. On a d'ailleurs bien cru qu'on y passerait la nuit, car la seule camionette qui est passée en direction des communautés l'a fait après les nombreuses suppliques de quelques indigènes congelés par la nuit bien tombée et deux françaises qui paraissaient perdues dans ce décor...! Et toute la communauté qui nous attendait à 20h00 pour la réunion.... Pour une fois que ce sont les autres qui nous attendent! Antonia nous sert le souper dans sa maison, que nous avalons à toute vitesse afin de ne pas arriver trop en retard à notre présentation...

Et tout compte fait c'était vraiment une bonne idée d'être à la bourre. Je m'explique: la réunion n'avait pas lieu seulement dans l'église, mais également PENDANT LA MESSE... évangéliste... en quechua... Grand moment quand le pasteur a empoigné son micro et que toute l'assistance s'est lancée dans des chants religieux sur un rythme cumbia (musique populaire composée de claviers et très appréciée des indigènes), le tout avec la sono à fond. Après tant d'émotion, et lorsque la parole nous est accordée par le cabildo, chef de la communauté, nous présentons le projet à la communauté. Nous convenons, après traductions mutuelles, de revenir en septembre une fois que la communauté aura choisi les 4 femmes allant bénéficier de la formation.

Le lendemain matin après le petit déjeuner et les au revoirs avec la famille Pilahuisin, départ de très bonne heure vers la vallée qui nous permet d'admirer des paysages de toute beauté. Les volcans Tungurahua et Chimborazo, lesquels ont donné leur nom aux provinces dans lesquelles ils se situent, sont dégagés comme jamais je ne les avait vus...

Sur la route, arrêt au centre de santé de Quisapincha, l'infrastructure de soin la plus proche de Tondolique. Celui-ci propose, depuis la circulaire ministérielle du 1er août 2008, tous les soins gratuits, dont ceux de gynécologie, d'obstétrique, les consultations de planification familiale et les contraceptifs...

Après ces deux jours bien remplis, nous prenons la route vers la province de Manabi oú le reste de l'équipe nous attend. Les filles sont en effet de nouveau à El Carmen oú elles nous attendent de pieds ferme.

Laureline Collet.

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Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.