jeudi 4 septembre 2008

La Bramadora, zone rurale d'El Carmen, Manabi.

Samedi 30 août.


Lieu au nom mystérieux, situé à quelques trente kilomètres de El Carmen, La Bramadora est accessible par une route de terre cahoteuse et caillouteuse. Pour s´y rendre, faute de véritable car, il faut prendre une ranchera, sorte de bus peint de mille couleurs et ouvert sur les côtés qui dessert les ranchs des alentours, d´où son nom. Comme il n´y pas de vitres, le voyage en ranchera offre une vue impressionnante des bananiers, des papayers et autres arbres de la région, ainsi que des maisons sur pilotis, habitat caractéristique des fincas (fermes) de la région. Le trajet dure presque deux heures, ce qui nous laisse le temps d´apercevoir des troupeaux de vaches faméliques, des enfants courant pieds nus entre les bananes, ou encore les travailleurs qui se rendent à leur plantation, la machette à la main.


Le village de La Bramadora apparait enfin au milieu de la verdure, plus grand que ce que nous imaginions. Le recteur du Collège à distance où nous intervenons ce matin nous attend à l´arrêt de la ranchera et nous accompagne dans son établissement. Les élèves sont en pleine distribution de gâteaux et autres douceurs pour célébrer El dia de los maestros, la fête des maîtres. Ce jour-là les professeurs reçoivent des dizaines de parts de tarte et de verres de boissons sucrées qu´ils doivent avaler. Ou faire semblant d´avaler. A notre arrivée, nous aussi devons manger...


Après une bonne heure d´organisation et de célébration, les élèves sont regroupés en trois groupes que nos équipières Anne-Laure, Anne-Sophie et Anna prendront en charge. Les classes sont assez nombreuses mais les étudiants fort sages et participatifs. Nous n´avons pas de mal à trouver des volontaires pour dessiner les organes reproductifs au tableau ni pour répondre aux différentes questions. Certains sont même très au courant puisqu´ils étaient présents à l´intervention donnée l´an dernier dans ce même établissement.


A écouter le recteur, el Señor Baron, les ateliers d´éducation sexuelle sont absolument nécessaires dans les zones rurales comme celle-ci, car il existe un grand nombre de maisons closes que fréquentent les hommes, jeunes et moins jeunes. C´est presque une tradition pour les pères, parait-il, d´envoyer leurs fils vers les prostituées pour qu´ils deviennent "hommes". Bien que nombreuses d´entre elles utilisent des préservatif, notamment dans les maisons de passe contrôlées, ce n´est pas toujours le cas chez les prostituées clandestines. Ainsi, il est bon de sensibiliser les jeunes pour qu´ils imposent une protection au moment des rapports. Notre intervention reçoit donc un excellent accueil chez les élèves adolescents et adultes (certains ont plus de trente ans et viennent de reprendre leurs études). Le recteur donnant beaucoup d´importance au thème, nous pouvons faire durer l´intervention aussi longtemps que nécessaire et deux heures ne sont pas de trop.

Finalement nous remontons dans la ranchera pour rentrer à El Carmen d´où une partie de l'équipe part en direction de Canoa, pour trois jours de repos.

Anna Postel.

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Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.