dimanche 22 juillet 2007

Zambiza - Centre de recyclage des déchets de Quito

En ce matin du 20 juillet 2007 nous nous sommes rendues avec Miryam, de “Nuevos Horizontes”, dans le centre de recyclage de déchets “Natura Inc” qui se situe à Zambiza, à 30 minutes au nord de Quito. 300 familles ont habité sur le site pendant plus de 25 ans, vivant, dans des conditions d’hygiène quasi inexistantes, de la revente des déchets qu’elles y trouvaient.

Puis il y a un an environ, le partenariat entre la fondation “Natura” et la mairie de Quito a donné du travail à 225 personnes dans cette entreprise de traitement des ordures. Tous les déchets de Quito sont acheminés ici, pesés, et triés (carton, plastique, verre, métal et papier).



Ce qui n’est pas revendu sur place est compacté puis envoyé sur le site de traitement d’Inga, à 40 km de Quito, où ils sont enterrés. Quito est un des premiers lieux d’Equateur à avoir instauré ce système de recyclage des ordures. La fondation regroupe aujourd’hui sur le site de Zambiza un centre de santé, une garderie, des sanitaires et un petit réfectoire. Elle a mis en place des normes d’hygiène à respecter telles que le lavage des mains avant les repas ou les douches après le travail. Une équipe travaille le jour et l’autre la nuit. On pourrait presque parler des « deux 8 » si l’on ne connaissait pas les conditions de travail ici (salaire horaire, journées extensives…).

Nous avons d’abord été accueillies sur le site par le superviseur des opérations, dont le rôle est de vérifier que chacun est bien à son poste et porte correctement ses protections (vêtements, casque, bottes,…), puis par Mónica Camachu, chargée du travail social pour la fondation.

Les travailleurs ont très peu d’éducation, beaucoup ne savent pas lire. Une centaine d’entre eux était en pleine réunion bi-mensuelle lorsque nous sommes arrivées. Les travailleurs de nuit, qui semblaient très fatigués, étaient assis au centre et ceux du jour étaient debout autour d’eux. Nous avons attendu la fin de leur réunion puis Mónica Camachu nous a introduites.



Notre « charla » était planifiée depuis deux semaines. Pourtant le représentant des travailleurs nous a dit que notre venue n’était pas prévue, que les ouvriers devaient travailler, avaient très peu de temps à nous consacrer, et que nous disposions donc de…. 10 minutes ! Qu’est-t-il possible de faire en dix minutes pour faire prendre conscience aux gens du pourquoi et du comment se protéger des maladies sexuellement transmissibles et choisir le moment d’avoir un enfant pour que celui-ci grandisse heureux ??!

Notre intervention a donc été réduite au strict minimum : importance de se protéger des maladies sexuellement transmissibles et de prévenir les grossesses non désirées, et présentation de l’utilisation du préservatif masculin.



Ceci entrecoupé par le représentant des ouvriers qui s’impatientait et les rires de l’assistance face à cette thématique. Au moment où nous passions auprès d’eux avec un préservatif, aucun n’a accepté de le toucher et certaines femmes se sont même cachées le visage derrière leurs mains.




Beaucoup des hommes présents disaient qu’ils connaissaient déjà tout cela mais lorsque nous avons posé quelques questions précises ils ne savaient pas répondre. Nous nous en avons déduit que leurs rires et leurs plaisanteries à propos du préservatif étaient finalement destinés à masquer l’ignorance et le machisme.



A la fin de cette courte ”charla”, pendant que nous distribuyons les préservatifs et des documents illustrés, des femmes nous ont demandé comment arrêter ces grossesses à répétition. Certaines nous ont même demandé nos numéros de téléphone pour avoir plus d’informations !! Les besoins sont criants.



Mónica Camachu nous a ensuite invitées à prendre un petit café, autour duquel elle nous a expliqué l’organisation du site et nous a parlé des problèmes sociaux tels que le machisme, la violence et l’alcoolisme…

Nous avons été un peu déçues par la façon dont l’intervention, pourtant organisée depuis plusieurs semaines avec la travailleuse sociale du centre, a été considérée par le représentant des recycleurs. Avec une moyenne de 4 enfants par femmes à 25 ans et une activité professionnelle aux revenus irréguliers et conditionnés par de nombreux facteurs extérieurs, une information complete sur la contraception aurait été un vrai plus pour ces travailleurs, et en particulier pour les jeunes femmes. Pressés par leur coordinateur, les recycleurs nous ont permi de prendre conscience du sens réel de l’expression ”le temps, c’est de l’argent”. En effet, toute heure de travail en moins est une perte nette a déplorer sur le salaire de la journée.


Nous avons décidé avec Mónica d’une seconde intervention (disons plutôt d’une intervention complète !), dans trois semaines, avec les enfants aussi. Nous envisageons de faire deux groupes de moindre importance pour que les gens soient plus attentifs, et de rester un peu sur le site après l’intervention pour répondre de façon individuelle à des questions plus personnelles et plus intimes.

Nous sommes reparties certaines de l’intérêt des femmes et espérant avoir au moins titillé la curiosité des hommes...

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Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.