mercredi 14 octobre 2009

Septembre 2009

Les 65 employés du CONSEP venant manger tous les midis de la semaine, nous avons pu payer l’ensemble de nos charges (loyer, factures, salaires et fournitures du restaurant) sans puiser dans nos maigres réserves pour la première fois depuis l’ouverture du restaurant !

Vers la fin du mois, un appel d’offre pour le service de fourniture de repas a été édité sur le site des fournisseurs officiels, auquel nous avons répondu. Paladar Solidario ayant été la seule structure à y répondre, le concours a été annulé, mais un nouvel appel d’offre moins exigeant sera édité début octobre, sachant que nous sommes en très bonne position pour l’obtenir car, en plus de notre situation géographique idéale, de nos installations amples, lumineuses et agréables, la nourriture fournie jusqu’alors n’a généré que très peu de critique de la part des employés du CONSEP.

A la fin du mois, Laureline a réalisé un déplacement au Nord du pays, dans la province d’Esmeraldas, afin de réaliser plusieurs ateliers d’éducation sexuelle dans la communauté rurale extrêmement isolée d’Estero de Plátano : un village côtier, des plus à l'ouest en Equateur. Quelques 200km depuis Quito, en tout 9h de route. Pour y parvenir depuis Quito, il nous a fallu embarquer un vendredi soir dans les jolis bus oranges de la Trans-Esmeralda, pour passer de la Sierra à la Costa. Arrivés à Atacama, nous avons saisi la correspondance, en fait un bus côtier qui, au détour d'un virage, nous a permis de deviner que nous étions, samedi matin, enfin arrivés.


La fondation Yanapuma, qui a sollicité et financé le projet, nous a accueillis et présenté le village : 600 âmes sans compter les poules, les chevaux et autres animaux de tous poils et plumes, une école sur le bord de la plage, une activité principalement tournée vers les bananeraies de la région, où les habitants voient leur santé se détériorer au parfum des engrais et autres pesticides utilisés sans discernement. Des familles qui, faute de planification familiale, comptent facilement plus de cinq enfants par foyer, avec ce que la situation apporte de malnutrition, d'éducation scolaire peu ou pas suivie après le primaire et d'absence de perspectives futures.


Nous avons fait ensuite de nous-mêmes plus ample connaissance localement : électricité : partiellement ; pélicans batifolant sur les vagues du Pacifique : oui ; eau courante : non ; enfants tous les deux mètres : oui ; réseau téléphonique portable ou fixe : non. Voilà le décor planté, auquel nous rajouterons l'existence précieuse d'un dispensaire médical, qui apparaît être le relais naturel du travail d'information de Prevensud.



Etape suivante : l'installation dans notre logement, chez l'habitant, une famille de huit enfants, qui nous a réservé ses meilleures chambres, bien aérées puisque les murs étaient en bambou comme pour le reste du village et, comble du luxe, équipées de moustiquaires pour la survie de Laureline... Puis, nous avons repris des forces dans l'unique 'table d'hôtes' locale, qui nous recevra jusqu'à notre départ pour d'extraordinaires plats de poissons et fruits de mer.



En début d'après midi, nous sommes partis installer la première séance, destinée aux adultes. Prévue initialement au dispensaire médical, elle a été transférée faute de matériel adéquat (chaises, tableau et... clef de l'entrée) dans une des salles de l'école. Nous avons eu le plaisir de voir arriver une bonne vingtaine d'auditeurs, femmes... et hommes, quoique minoritaires en nombre. Durant la présentation, d'une durée de deux heures, de nombreuses questions ont été posés à Laureline, quelle que soit la tranche d'âge ou de sexe. Les femmes du village sont surtout intervenues sur les modalités techniques d'utilisation du stérilet, alors que les hommes souhaitaient des informations complémentaires sur les préservatifs. En fin de conférence, un rappel de l'existence du dispensaire médical pour encourager chacun à ne pas en rester à l'intervention de Prevensud.


Fin de soirée tranquille entre nos amphitryons gastronomique et hôtelier : succulent ceviche de pulpo, opération anti-moustiques, discussion informelle avec quelques-uns des membres de notre famille d'accueil et... profiter du silence environnant en se disant que le lendemain nous aurions à nous réhabituer à l'agitation quiteñienne.


Le lendemain matin, re-belotte avec, cette fois, les adolescents du village, que nous souhaitions voir à part pour qu'ils puissent poser leurs questions plus librement qu'en présence des parents. Nous avons retrouvé notre salle de classe, passablement bruyante car, de l'autre côté du mur, une partie de l'équipe du village faisait des réparations à grands renforts d'encouragements vocaux et autres manipulations de pierres et de terre. La présentation de Laureline pour les adolescents fut bien évidemment adaptée à ce public, venu également en assez grand nombre : une vingtaine de jeunes hommes et jeunes filles qui, après la première gêne propre à leur âge, sont intervenus tout au long de la présentation. Nous avons pu constater combien ils connaissent dans l'ensemble les différents moyens de contraception à leur disposition, mais également combien ces connaissances générales sont déformées par des idées fausses terriblement dévastatrices qui mènent à nombre de grossesses non désirées. Et, comme pour les adultes, la piqûre de rappel concernant le dispensaire médical.


Juste le temps de faire les bagages, et voici le bus de retour qui passe par le chemin de terre devant notre logement. Re-trajet sinueux entre les collines côtières, re-étape par Acatame pour y attendre le Trans-Esmeraldas, et re-bus pour Quito, avec nettement moins - voire pas ? - de suspensions, nous avons bien cherché.... Arrivée vers 23h à Quito !



Alex Grandemange

Aucun commentaire:

Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.