samedi 19 juillet 2008

Centre de réhabilitation Buen Pastor, Conocoto, Valle de los Chillos, Quito.

19 juillet 2008

Nous voici aujourd'hui en route pour le centre de réhabilitation pour mineures bibliquement nommé "Buen Pastor". Situé à Conocoto, à l'est de Quito dans la vallée des Chillos, le centre est atteint après 30 minutes de bus et 20 bonnes autres de marche à pied, que nous effectuons sous un soleil de plomb. Ce type de structure s'inscrit dans la droite lignée de mesures visant à désengorger les prisons de la République d'Equateur prises par le gouvernement Correa. Tous les mineurs n'étant pas pris en flagrant déli sont orientés vers des centres d'accueil, dont la plupart sont encore aux mains des religieux. Buen Pator était d'ailleurs il y a encore peu géré par des bonnes soeurs, et nous avions eu l'occasion de nous y rendre en 2006 pour un rendez-vous préparatoire d'intervention. Les fidèles du projet se rappeleront que nous avions gentillement été mises à la porte par la mère supérieure au moment de lui expliquer l'utilité des contraceptifs pour des jeunes filles accueillies, lesquelles sont directement exposées aux risques liés à la sexualité par leur mode de vie.



Repris par le gouvernement, ce centre accueille 13 jeunes filles, dont une avec son bébé, lesquelles sont ammenées par la police pour divers actes de délinquance, vol, achat ou vente de drogue, racollage, le tout pour des peines allant de quelques semaines à un an... On est samedi, il fait chaud, le centre tourne au ralenti. Nous arrivons au moment où les filles prennent leur douche, et il nous fait attendre qu'elles aient fini de se pomponer pour pouvoir débuter l'intervention. Pour patienter, nous discutons avec deux d'entre elles agées de 16 ans dans la cour. Peu farouches et intriguées par notre venue, elles nous posent des questions sur le tabac à rouler utilisé par Anne-Laure et Anne-Sophie, car elles pensent qu'il s'agit de marijuana (dans un centre de rétention, non mais quand meme!). L'une d'elles enchaine ensuite sur le bonheur que ca sera de pouvoir de nouveau en consommer dès sa sortie du centre. Elle est arrivée ici à la suite de nombreux vols réalisés pour subvenir à ses besoins de consommatrice de "Base", l'un des composants de la cocaine se fumant avec de la marijuana. Cette drogue, très addictive, est l'une des plus consommées en Equateur car elle est très répandue et bon marché et fait des ravages parmi les populations pauvres. La seconde, maman d'un petit garcon de 2 ans concu avec un touriste américain de passage dans son village, est ici pour vol. Elle nous dit qu'elle souhaite trouver du travail en sortant pour assumer son enfant, lequel est pour l'instant laissé aux bons soins de sa grand-mère.



Elles arrivent enfin, après moult essais de coiffure, et se plient sans sciller aux désormais traditionnels questionnaires pré-intervention. Nous débuttons plus d'une heure après notre arrivée. Les 10 personnes assistant finalement à la charla forment un groupe très hétérogène. Je me demande franchement ce que font certaines filles à cet endroit. Vives et intelligentes, certaines participent avec entrain tandis que d'autres ont l'air complètement dépassées par les informations que nous déballons. Parmi elles, la jeune fille de 14 ans maman d'une petite de 18 mois...

Après environ 1h30 d'intervention, nous terminons par les questionnaires post-charla, lesquels nous permettent, au vu des réponses des participants, d'évaluer la qualité du travail réalisé. Zut, elles n'ont pas compris qu'on attrapait pas le sida avec une piqure de moustique. Heureusement, les dépliants pédagogiques que nous distribuons après chaque intervention contiennent toutes les informations nécessaires. Toutes ces jeunes filles recevant en effet la visite de leurs maris, fiancés ou amoureux au centre, la distribution des préservatifs féminins et masculins a comme toujours beaucoup de succès car aucun moyen n'est officiellement mis à leur disposition pour éviter qu'elles ne tombent enceintes...


Laureline Collet

1 commentaire:

NAMASTE a dit…

Salut les filles, como esta ?

Je viens de parcourir votre site, suite à un mail du Collectif, il vraiment bien tenu, je ne connais pas votre vitesse de connexion mais ON VEUT plus de PHOTOS !
J'espère que toute l'équipe se porte bien , que les moustiques se protègent
et que l'ambiance est à l'apéro après l'école.
Je vous embrasse toutes
Emilie "la râleuse"

Vous touverez dans ce blog les récits des interventions d'éducation sexuelle, de prévention du Sida et des grossesses précoces réalisées en Equateur par prevenSud au cours de la mise en place d'un réseau d'éducation sexuelle.